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éditorial du nº 1538

Le jeudi 18 décembre 2008.

On continue. Remaniement ministériel en forme de chaises musicales, dans l’indifférence générale. Déferlante de fermetures d’entreprises, de plans sociaux, de chômages techniques. La crise tombe à pic pour les patrons miltonniens — ils ont bien appris à l’école néo-sauvage-libérale de Chicago : salaires en moins égale dividendes comaques pour les gras actionnaires.

100’000 ? 400’000 ?pauvres dorment dans la neige, le DALO est à l’eau et la Boutin avale son boulier. La chasse aux « terroristes » bat son plein, toujours plus technique, toujours plus performante, toujours plus paranoïaque ! La longue mise en scène tarnacienne de MAM, inspirée ou non des services de renseignement de « puissances amies » et qui a employé des centaines de flics pendant plus d’un an, pour traquer les ultrasépiciers-anarchistes-de-gauche, est un risible bide. Maigre consolation, ça propulse les ventes de votre journal favori.

En Sainte Europe Unie, on conchie — le petit doigt en l’air — les restes de démocratie et les référendum mal votés. On renfloue à titre quasiment gracieux des banques qui se font du beurre en refourguant l’oseille aux particuliers à des taux bien confort. Notre sauveur autoproclamé, le prince du titata, va p’têt’ben être sacré « Européen de l’année ». Défense de glousser ! Ça continue, mais ça se fissure aussi.

Le capitalisme considéré comme fin de l’Histoire, ce gros pâté de prise de tête, vacille dans sa gélatine. Il y a comme un parfum d’espoir dans l’air. En notre beau pays des droits de-l’Homme-et-du-Rentier, les parents, les enseignants, les lycéens, ripostent au sabrage de l’école, et c’est parti pour durer, même si le ministre et sa com’ en étouffent les échos.

Les dockers de Marseille bloquent depuis des jours des centaines de tankers au large du port empêchant toute livraison de pétrole, dans le parfait silence de la presse sauf l’Huma, des radios, des télés.

Mais il y a mieux, car le soleil se lève en Grèce. Le peuple, les jeunes, les étudiants, les pauvres se groupent un peu partout et font connaître bruyamment leur juste colère face aux privatisations, aux pots de vin, au laminage des retraites. Un Fabrice Druelle, vice-collaborateur en chef à France-inter (Radio-Paris quoi !) évoquant sournoisement les émeutes de Clichy de 2005, n’y voyait en début de semaine qu’une échauffourée de jeunes hellènes des banlieues mal élevés.

Mais il s’agit bel et bien de l’éveil du bon sens populaire, d’une révolte trop longtemps retenue face à la cynique insolence des riches et des puissants de tous bords. En Grèce comme ici et dans le monde, on discerne la lumineuse clameur des luttes dans la rue et dans les entreprises, organisées d’instinct par les gueux qui se moquent des urnes, des centrales et des partis.