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éditorial du nº 1548

Le jeudi 19 mars 2009.

Il y a plus de trente ans, après ce que d’aucuns appellent « les événements de la fin des années 1960 », l’espoir était fort dans la militance anarchiste qui oeuvrait dans le mouvement syndical. Les désillusions allaient venir, mais on allait de l’avant tout en discutant sur l’avenir du mouvement social. Par exemple, quand on comparait la question des sous, on notait dans les différentes boutiques syndicales des « disparités ».

Dans la CFDT, pour ne pas la nommer, les syndicats envoyaient la soudure à la confédération qui redistribuait ensuite. Alors qu’à la CGT les structures syndicales géraient elles-mêmes leurs finances… Pourquoi égrener ces souvenirs ? Parce qu’en ce début du XXIe siècle, la centrale de Montreuil a renchéri sur l’ex organisation du square Montholon. Donc, dans la majorité des syndicats dits représentatifs, quiconque ruera trop dans les brancards sera, dans les faits, bâillonné. Plus de finances, plus d’expression écrite, plus de journaux syndicaux oppositionnels, donc plus de débat.

Malgré les discours, il semble bien que le syndicalisme « reconnu » n’ait plus besoin de militantes et de militants, mais juste de gens qui cotisent. On me dira que c’est dans la réalité depuis des lustres, mais là, l’afflux de couleuvres dépasse le minimum syndical ! La journée intersyndicale grèves-mobilisation du 19 mars peut être vue comme un défouloir soigneusement bridé, la colère ouvrière devant s’arrêter avant les négociations !

Pourtant, quand on écoute ce qui se dit à la base de la CGT, Bernard Thibault est voué aux gémonies, pour ne pas dire plus. Déclarer que l’éclatement gronde ici et là est peut-être exagéré, mais les ronds de cuir du syndicalisme vont avoir chaud aux fesses. Le nerf de la guerre, les cotisations syndicales auraient de plus en plus de mal à arriver à la porte de Montreuil.

Pourtant, comme le disait dernièrement un sociologue sur les étranges lucarnes, « on a cru avoir affaire à des salariés apathiques, on risque de s’apercevoir que ce n’est pas le cas ».

Quid des syndiqués, de celles et ceux dont les entreprises licencient tout en engrangeant des bénéfices ? Alors, « syndicalisme du front du refus » ou « syndicalisme d’accompagnement du libéralisme économique », le choix ne peut se limiter à ces problèmes. Car si le syndicalisme doit servir à construire une autre société, cela ne doit pas passer par « un partage équitable » entre permanents syndicaux. Saurons-nous dépasser les patriotismes de boutiques pour l’unité dans les luttes ? Là est toute la question.