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éditorial du nº 1551

Le jeudi 9 avril 2009.

« Samedi noir à Strasbourg », ont pu titrer les médias. Bon. La violence dans les manifestations, nous la connaissons. Quand elle exprime la colère ouvrière, quand elle vient de l’exaspération de la jeunesse, elle est un rempart à la résignation, un sursaut indispensable. Certes il y a toujours eu des camarades qui voulaient en découdre avec les forces de l’ordre, cela ne date pas d’hier. Il y a toujours eu aussi des provocations, des infiltrations policières, rien de cela n’est tombé de la dernière pluie.

C’est pourquoi les déclarations du maire socialiste de cette bonne ville de Strasbourg ont un drôle de goût. Bien sûr, il peut dire que « Ce que les casseurs ont fait est inacceptable. » (Référez-vous à la presse du début de la semaine…), mais quand on a été aux abonnés absents pendant la mise sous contrôle policier de la « capitale alsacienne », on devrait faire profil bas…

Au XIXe siècle, le mouvement ouvrier profitait des diverses « Expositions universelles » pour prendre des contacts, marcher ensemble pour un autre monde. Les guerres mondiales et la mondée du fascisme, sans oublier la guerre d’Espagne, ont dispersé tout cela aux quatre vents. Depuis quelques décennies, en parallèle à des réunions de « grandes puissances » (G3, G20, OTAN… et consorts) des contre-structures s’organisent. Elles ne correspondent pas toujours aux vieilles habitudes du mouvement ouvrier. Elles peuvent être assimilées à des débordements de violences incontrôlées qui légitimeraient la répression.

Mais qu’en était-il des mobilisations ouvrières à Chicago à la fin du XIXe siècle, quand à la une des journaux les classes dirigeantes réclamaient du plomb pour les grévistes ? Comme disait Bob Dylan, alias Robert Zimmerman (ou lycée de Versailles) les temps changent et rien se sera plus comme avant. Le vieux mouvement ouvrier ou ce qu’il en reste s’embrouille dans ses représentations officielles diverses et oublie l’essentiel. Celui-ci étant que celles et ceux qui ne vivent que de leur virement bancaire ou postal de fin de mois n’ont que faire des diverses boutiques qui leur promettent de raser ou de friser gratis pour demain. Que leur avenir ne doit venir que de leur propre détermination à contrôler leurs luttes, leur avenir.