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éditorial du nº 1556

Le jeudi 14 mai 2009.

L’État terroriste balance ses bombes fumigènes aux coins des salons et des kiosques à journaux : pandémie porcine, Ligue des champions, lait empoisonné, Coupe de France. Faut bien masquer la lutte des classes ; faire oublier la crise qui tue les gueux et les patrons ripoux qui délocalisent ; cacher la juste révolte des étudiants maintenue dans l’ombre depuis trois mois ; occulter la Réforme avec son R de Recul, de Réaction, de Régiment de CRS. La culture du résultat n’est pas un résultat, c’est une culture, précise finement Éric Fassin. Pouvoir du spectacle.

Face à cela, les bons syndicats qui restent à la maison comme disait Léo, ergotent, tempèrent, collaborent, torpillent et finalement coulent les sincères vélléités de révolte populaire. Ils accouchent — lamentables — d’une journée du 26 mai « à la carte » et d’un faiblard appel national le 13 juin. C’est le prix à payer pour que ces faux-nez conservent le glorieux titre de « partenaires » du capital et de ses pantins. Pouvoir de la collaboration.

Emberlificotés dans la mascarade électorale, les Bayrou, les Aubry et autres Sarkozy n’en finissent plus de polir et de trompeter de prétendus programmes. Autant de titatas peu soucieux de préserver le plus de confort pour le plus grand nombre mais seulement de les maintenir ou de les propulser au pouvoir. On peut les résumer ainsi : Je veux tout le pouvoir pour moâ et quand je l’aurai vous verrez bien ! Fascination du pouvoir.

Devant tant de fausseté, on n’a même plus le courage de sourire au spectacle drôlatique des robocops matraquant allègrement leurs cousins matons en leur enfumant la tronche. Pouvoir lacrymogène.

C’est vrai qu’elle est pugnace la tête hideuse, la tête à claques, la tête à massacre du pouvoir. Aucun effort humain n’en est encore arrivé à bout. Et il serait bien arrogant de la part des organisations libertaires de se rengorger à ce propos, car les chants des sirènes du commandement et de la puissance ensorcèlent tous les cœurs : Éminences plus ou moins grises, gestions opaques, commensaux aboyeurs, recours à des chefferies rassurantes etc, autant de facilités à éviter.

Nos principes anarchistes sont structurellement, viscéralement, conçus pour éradiquer ces déviances. Elle l’avait bien compris, la Louise, et elle le répétait souvent, même que c’était pour ça qu’elle était anarchiste : le pouvoir est maudit.