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éditorial du nº 1558

Le jeudi 28 mai 2009.

Outre-Manche, les notes de frais des députés explosent. Des orphelins violés et sadisées par des curetons cathos depuis un demi-siècle en Irlande. Obama partisan d’une voiture propre et d’un Irak nettoyé, a bien du mal à rapatrier Guantanamo. Paix, Amour, Amen. Mais voyons un peu cheu nous.

Des laitiers qui ne se font pas assez de beurre et prennent le pays en laitage. Un « plaider coupable » aux assises, pour désengorger la « Justice » au lieu de la doter en personnel et en locaux décents. Une pauvre femme accouche dans une baignoire d’un ch’tiot puis le met au congélo. Un prof écope d’une amende pour avoir crié « Sarkozy, je te vois » pendant une défoulade de sa police. Des cabines téléphoniques bientôt à la casse : normal, tout le monde a un portable et puis si le peuple n’a pas de pain, qu’il mange de la brioche.

Un festival à Cannes, c’est, comme chaque année, la foire à la paillette et aux jambons. À Calais, des directeurs, écœurés par la politique anti-émigrés, refusent l’accès de leurs écoles aux forces du désordre ; des parents nostalgiques du Maréchal, jugent quant à eux, cette attitude trop « politique ». Deux moutards de six et dix ans, accusés à tort d’avoir volé un vélo, arrêtés dans leur école par une dizaine de policiers téméraires et déterminés. Toujours dans le titata culturel, on souhaite faire fouiller par des profs ou des flics les cartables à l’entrée des dites écoles, des fois qu’il y aurait des vélos cachés à l’intérieur.

Omar Bongo, l’ami de la France, pas malade pour un sou, va rejoindre le club très fermé des chefs d’État lyophilisés, Franco, le pape, Fidel Castro etc. Les puissants et leurs commensaux ne pipent mots pour cause d’élections européennes. Les électeurs impuissants mais potentiels s’en foutent, ils n’ont pas oublié le camouflet du référendum 2005. Le gloubiboulga socialo et le crêpage Aubry-Royal font glousser les radios. Julien Coupat joue toujours les « Masque de fer ».

Licenciements, délocalisations, misère : en rut. Pendant la crise, la curée continue. Cerise sur l’étron, le dégraisseur de profs, d’étudiants et de chercheurs, l’inénarrable Allègre, bloque la porte des ministères d’un peton ambitieux et rageur, avide de rejoindre la clique déjà fournie des apostats rosâtres.

Une semaine assez semblable donc aux précédentes en matière d’injustice, de lâcheté et de prédation cynique. Et — comme s’évertue à l’expliquer notre compagnon Jean-Marc Raynaud — prendre nos affaires en main relève plus que jamais de l’urgence.