Accueil > Archives > 2009 (nº 1539 à 1577) > 1559 (4-10 juin 2009) > [éditorial du nº 1559]

éditorial du nº 1559

Le jeudi 4 juin 2009.

La libération de Julien Coupat, en fin de semaine dernière, doit-elle être considérée comme un ballon d’oxygène ou comme une manœuvre de diversion ? Un revers pour la ministre de l’Intérieur, certes… Mais il fallait bien que quelqu’un porte le chapeau ! Les stratèges de l’Élysée ont dû, eux, manger le leur. Mais cette maigre consolation n’enlève rien au scandale d’une détention arbitraire de six mois.

Il y a une dizaine de jours, un député UMP a proposé que les gens en congé maladie puissent travailler de chez eux. Une levée de boucliers venant de la gauche comme de la droite a renvoyé le jeune homme à ses études. Mais, provocation, coup d’essai, poisson pilote ou juste histoire d’enfumer les pistes ? On se perd en conjectures. « Une CGT, vraiment fédéraliste, peut donner naissance à un ordre social reposant sur les mêmes principes si, du syndiqué au secrétaire confédéral et du syndicat à la CGT tous les syndiqués, tous les organismes accomplissent tout leur devoir, remplissent toutes leurs obligations. » Ainsi s’exprimait Pierre Besnard dans Les Syndicats ouvriers et la révolution sociale (1930).

Aujourd’hui, tout cela semble bien loin. Le monde syndical, ou ce qu’il en reste, défile à jours fixes et emboîte son pas pour les « affaires sérieuses » aux partis politiques, éternels timoniers. Dans l’entre-deux guerres, même les réformistes de l’époque concevaient le programme syndical en indépendance du monde politique… Pour l’heure, le jogger frénétique qui tient les rênes de l’État laisse entendre qu’il apprécie beaucoup Bernard Thibault, secrétaire de la CGT. Ce qui semblait impensable il y a moins de dix ans serait donc arrivé, la centrale de Montreuil a pris la place de la CFDT. Laquelle, pour faire plus propre, avait exclu, il y a une trentaine d’années, anarchosyndicalistes et « moutons noirs » divers. Bien sûr après la fièvre électoraliste, dans quelques semaines, les querelles internes vont faire tenir des propos antivote à bien du monde et ce n’est pas nous qui nous en plaindrons.

Mais d’ici là, les aspirants aux émoluments européens s’en donnent à cœur joie. Mais haut les fronts, d’Abidjan, Strauss-Kahn, grand manitou du FMI, déclare qu’une sortie de la crise est prévue au printemps 2010. Il y aurait un trébuchement en octobre 2009, mais tout devrait repartir, « à condition qu’on mette en place une bonne politique » ! Ah, ombres chinoises que vous êtes jolies. Et pendant ce temps nos gouvernants bétonnent sur le sécuritaire. À quand les fouilles au corps à l’entrée des toilettes publiques ? Y’a pas, faut être plus que vigilants, offensifs !