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éditorial du nº 1561

Le jeudi 18 juin 2009.

La dernière démobilisation syndicale du 13 juin, alors que le chômage a définitivement renoncé à partir en vacances (187 000 emplois ont été détruits au premier trimestre), a été un franc succès pour ses désorganisateurs. Les médiocres génies qui ont composé cette Cacophonie pathétique auront tout fait pour que leur partition soit couchée sur la pierre tombale de la lutte des classes. Las, pour ces hideux thanatopracteurs, si la grève générale musarde par trop en chemin à notre goût, pour autant elle n’est pas décidée à se laisser embaumer.
Immarcescible, bien campée sur ses deux jambes, elle effectuera son inévitable retour sur scène en bottant énergiquement l’arrière train des fossoyeurs des luttes. Vous désirez connaître la date où elle toquera à nos portes ? Rien de plus simple dés lors que nous prendrons conscience collectivement que son retour dépend de… notre seule volonté. Puisque nous parlons de calendrier, déridons-nous un peu les zygomatiques.

Si l’on en croit Yvo de Boer, secrétaire de l’ONU au changement climatique, la récente conférence de Bonn sur le climat a été « une session marquante qui a fait avancer nos travaux d’une manière importante ». Propos aussitôt démentis par une participante (Jennifer Morgan du groupe de réflexion E3G) à ce grand blablatage : « nous avons avancé de deux kilomètres vers Copenhague [ville où se déroulera le prochain barnum sur le même sujet] et il nous reste des milliers de kilomètres à parcourir ». Bref, le productivisme insoutenable et les mensonges durables cracheront leurs fumées toxiques longtemps encore.

Ailleurs, juste au sud de l’équateur, des veines ouvertes de l’Amérique latine jaillit un nouveau flot de sang. Depuis le 5 juin au soir une terrible répression s’abat sur les communautés amérindiennes de la région amazonienne du Pérou. Les autochtones — tenus pour quantité négligeable — s’opposent à un décret-loi qui vise à faciliter les investissements dans les zones où ils vivent depuis la nuit des temps. Drôle d’idée n’est-ce pas !? Pétrole, gaz, mines, exploitations forestières suscitent la convoitise de nombre de multinationales.

Rien de nouveau sous le soleil pourriez-vous rétorquer. Objection retenue. Par contre, observez avec quelle détermination les esclaves d’hier refusent de retourner à la servitude que les maîtres du monde réservent pour tous. Mais constater n’est pas suffisant. Manifester le plus concrètement possible notre solidarité à l’égard de nos frères et sœurs péruviens est le meilleur moyen pour que nos pieds et poignets ne connaissent jamais la morsure des chaînes.