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éditorial du nº 1574

Le jeudi 26 novembre 2009.

2009 aura été l’année de tous les sales records : Vaccination grippe mexicaine, ça pédale. Malgré l’hyper-campagne-catastrophe, le bon peuple hésite, se tâte, rechigne, se gratte la tête : j’y va-ty, j’y va-t-y-pas. On est tellement habitué à se faire avoir, comme pour le référendum de 2005 sur le traité européen, qu’on cherche à trouver un piège à la proposition, un peu chère certes, mais au fond pleine de bon sens. Plus dur, le surendettement des ménages de l’Hexagone aurait augmenté de 20 % cette année ; même Radio-Paris, pardon, France-inter, en convient — très tôt le matin, il est vrai…

Pire encore, plus d’un milliard d’êtres humains souffriraient de famine et deux autres milliards barbotteraient dans la malbouffe, dixit la FAO. La faute à la crise économique, on nous dit, mais la crise a bon dos : si l’on en croit notre excellent confrère versé en mondiale diplomatie, le FMI, en plus d’exiger les remboursements de leur dette aux pays en voie de développement, leur inflige un accord félon au doux nom aseptique d’AsA. Ça permet aux pays riches de taxer dix fois plus les importations de denrées de base, tout en tolérant les aides détournées à leurs propres agriculteurs. Ils maintiennent ainsi artificiellement des cours très bas. Impassibles comme des quakers, ces bons apôtres organisent le dumping qui sert les riches, tout en prônant la sacro-sainte liberté des marchés pour les pauvres.

Devant tant de turpitude et d’iniquité, qu’est-ce qui soucie nos médias ? La main invisible du marché ? — Non, la main trop visible d’un fouteux ! Ben, c’est qu’il faut vendre de la bière, comme disent les cafetiers, et du papier journal, comme dit L’Équipe. Pour ça un bon vieux titata : France/Irlande ou Égypte/Algérie, le top du top du suspens. Ce qui fait vendre est bon pour la croâssance et ce qui est bon pour la croâssance est incontournable — pour pas dire obligatoire. Donc en avant le sport professionnel, ses relents de nationalisme rance, ses querelles de fouassiers, ses compètes à mort, son individualisme puant, ses machismes de l’âge des casernes, ses mufleries éructantes, ses répugnants soudards.

On en a eu les retombées nocturnes mercredi dernier ; bonjour les identités nationales. Enfin, ce qui nous rassurait c’était que la Justice, aveugle et incorruptible, dignement drapée de pourpre, allait enfin passer sur Toulouse, huit ans (et oui) après l’explosion. Tout venait enfin à point pour ceux qui avaient su attendre… On gageait qu’elle allait être sans pitié pour les très distingués assassins d’AZF. Déçus, déçus, déçus — comme d’hab — qu’on a été.