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éditorial du nº 1572

Le jeudi 12 novembre 2009.

L’opinion — bonne fille — s’interroge. Vingt-quatre sénateurs menacés de perdre leurs électeurs de province et menés par un dangereux nihiliste du nom de Raffarin s’opposent à la suppression de la taxe professionnelle. Pas grave, coassent les courtisans, on aura leur peau en refaisant voter le Parlement croupion. L’opinion — intriguée — se passionne. Pasqua, Villepin et maintenant Chirac menacés d’emprisonnement. Retour d’honnêteté de la justice franchouillaude ? Vengeance froide du conduraptor ? Ou double pirouette, alliant plaisir de la vendetta et volonté de faire oublier la suppression prochaine des juges d’instruction ? Disparition qui justement sonnerait l’heure de la fin des procès aux riches et aux puissants définitivement au-dessus des lois applicables au populo.

L’opinion — écolo — s’inquiète. Si la sécurité est au bout du flash-ball contre les pauvres et du radar à lunettes sur les routes, il n’en est pas de même en matière d’électricité nucléaire. Areva, la main dans le pot de confiture, reconnaît avoir voulu vendre des réacteurs dont la sécurité d’emploi laisse à désirer d’après les autorités de sûreté franco-anglo-finlandaises. Y aurait-il deux sécurités, une pour le pouvoir, une autre pour les gueux ?

L’opinion — éclairée — est en liesse. On la gave avec l’anniversaire de la chute du Mur de Berlin où les stals prosoviétiques se sont mangé un bon camouflet. Les beaux démocrates, dans l’poste, applaudissent bien fort la victoire de la Liberté sur le Koumounisme et ses grosses athlètes qui prenaient rien que des drogues pour voler des médailles (comme chacun sait, à l’Ouest, on ignore tout de la nandrolone, de l’EPO, des testostérones et autres bêta-bloquants). En fait, bien des Allemands de l’ex-RDA ont cru pouvoir bénéficier de la relative tranquillité d’emploi et des services publics de l’Est et en plus du clinquant bling bling de l’Ouest. La néo-thatchérienne Angela Merkel se charge de les détromper.

Les anarchistes, quant à eux, sont tristes. Ils saluent Claude Lévi-Strauss, l’ethnologue centenaire, élégant de plume et humble de pensée, qui préférait le mode de vie frugal et libre des Indiens amazoniens à l’indécente pyramide de fric et de dominations des sociétés prétendument civilisées. Ils se marrent aussi les anars : il y a des psychiatres honnêtes qui dézinguent des militaires ; des chauffeurs de fourgon blindé qui pratiquent la récupération individuelle ; une cabale politico-policière, contre Julien Coupat, qui sombre dans le ridicule ; il y a des juges intègres dans le Finistère qui balayent de leurs arrêtés la réglementation félonne n’autorisant les délégués syndicaux qu’aux centrales ayant obtenu au moins 10 % aux élections professionnelles. Autant de bonnes petites claques contre les grosses puanteurs des latrines néolibérales. Titata !