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éditorial du nº 1571

Le jeudi 5 novembre 2009.

Ah, que de charivari dans notre belle France. Quotidiens et magazines se renvoient la balle. Du jamais vu dans la Ve République, l’image des pouvoirs publics ternie à jamais… Que n’avons-nous pas lu ces jours derniers ?

Pasqua, un an de prison ferme, deux de ses acolytes six ans, ça fait toujours plaisir à entendre, même si l’on sait que ça va pas durer. Une juge d’instruction qui renvoie Jacques Chirac devant un tribunal, même des anarchistes se retiennent d’applaudir (tout en comprenant pourquoi nos instances nationales suprêmes veulent les supprimer ; diable, ces juges sont quasi autonomes, tandis que le Parquet est aux ordres). Tout ça, les lectrices et lecteurs du Monde libertaire l’auront bien compris, c’est de la mascarade pour les bonnes gens. Après le procès Clearstream, Villepin déclare vouloir tendre la main à Sarkozy, Pasqua, inculpé, en appelle à la levée du secret d’État… Ségolène Royal demandant la clémence pour Chirac, ça fait solidarité de clan (de classe ?), ne trouvez-vous pas ? Et le « méchant » de l’Élysée joue les Ponce Pilate, tout en n’ayant toujours pas digéré l’échec de l’ascension politique du prince Jean.

Pendant ce temps-là, on passe quasiment sous silence les expulsions de sans-papiers. Pas de nouvelles de ceux de Calais, du square Villemin, du foyer David-d’Angers, de la rue du Maroc à Paris. Vous avez dit trêve hivernale ? La dérive pétainiste est en marche rampante. Certes, nous n’en sommes pas à la Grande-Bretagne décrite dans le film V comme Vendetta, mais ça et là, on peut voir des signes avant-coureurs. Pour en rajouter, des militants syndicalistes d’EDF et GDF Suez sont licenciés à Toulouse pour fait de grève. Des exceptions qui se banalisent et on attend toujours un réveil syndical.

Pour le reste du monde, la grande question est la grande chasse à l’ennemi, aux forces du mal. En Afghanistan, l’implication étrangère va sûrement dépasser le Viêt Nam dans les records d’impopularité. C’est la loi collatérale de toute guerre… En Palestine, il n’y a pas de guerre, mais il y a des morts. Ceux d’avant, mais aussi ceux à venir. Entre autres, par manque d’eau, comme dénoncé par le dernier rapport d’Amnesty International (27 octobre) qui accuse le gouvernement de Tel-Aviv de maintenir, au bénéfice des colons, un contrôle total sur cette ressource essentielle pour la région.

On rappellera à toutes et à tous que depuis 1948, date de la création de l’État d’Israël, le véritable enjeu dans la région a été le contrôle de l’« or bleu ». La convention des Nations unies de 1997 qui réglementait le partage de l’eau n’a jamais été signée par Israël. CQFD. Sale temps pour le mouvement social, ici comme ailleurs.