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éditorial du nº 1570

Le jeudi 29 octobre 2009.

Un petit bain de boue avant de passer aux choses navrantes. Tempête dans un verre à dentier, la classe politique fait semblant de s’émouvoir du prétendu parti pris des journalistes contre le bienfaiteur et sa clique, contre le fiston et son président de papounet. On les savait pourtant confits en dévotion du pouvoir et toujours prêts à faire preuve de « pédagogie » — entendons bourrage de crâne — à chaque nouvelle contreréforme.

Le fichier Edvige un instant laissé de côté pour cause de mauvais sondages est remis en loucedé au goût du jour sous le joli sobriquet de « base de données » par l’Oberleutnant Hortefeux et son aide de camp Alain Bauer, criminologue autoproclamé et chef d’entreprise spécialisée dans la quincaille sécuritaire. On pourra donc ficher les individus, comme ils disent dans les commissariats, dès l’âge de 13 ans et les classer selon la couleur de la peau ou le crépu de leurs cheveux. Mieux, une fuite révèle l’existence de plus de 70 fichiers de police sans aucune existence légale, tous « fichiers à charge » dans lesquels sont entrés les « suspects » et dont ils ne peuvent sortir, même une fois innocentés, faute d’équipement informatique dans les tribunaux.

On souhaite bon courage à la commission parlementaire chargée — paraît-il — de déquiller cette énième disposition pétainiste et liberticide. Les banques, dont la BNP, restent fidèles à leurs vieux démons ; ragaillardies après l’alerte, elles investissent comme des bêtes et une nouvelle bulle spéculative va sans doute éclater avant un an. Ça n’émeut guère notre sinistre des finances qui s’oppose des quatre fers à une timide taxation de 10 % de plus sur les revenus financiers : ça risquerait de « plomber » l’avenir prometteur des valeureux risquophiles de la Haute Noblesse Financière. On nous aurait donc abusés en prétendant moraliser tout ce beau monde. Lagarde baisse la sienne et tombe le masque. La transparence c’est du titata. Crise et chômage seront notre lot. Comme on le voit, le rouleau compresseur néolibéral écrabouille avec soin les acquis, les droits, le Code du travail, installant pour longtemps le règne du fric et de l’arrogance.

Rien à attendre des urnes ni des réformateurs de tous poils. Seuls une révolution frontale ou un déferlement spontané, solidaire et coordonné de milliers d’organisation libertaires, de milliers d’entreprises en gestion directe oseront et pourront y mettre un terme. C’est le moment de résister comme nos frères dockers précarisés de Martinique qui ne se laissent pas intimider et bloquent 500 000 tonnes de bananes dans la rade du port, dans le silence fracassant de nos médias à la botte.