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éditorial du nº 1568

Le jeudi 15 octobre 2009.

Glanées sur les ondes et des papiers journaux qui ont échappé aux épluchures de pomme de terre, quelques nouvelles fraîches à défaut d’être surprenantes. Un fromage râpé avec seulement 20 % d’emmenthal, dénoncé au vu du code barre par une de ces si humanistes « caissières électroniques ». 63,7 % des Irlandais votards se sont fait avoir. Un Somalien venu déposer des fonds à sa banque est adroitement retenu par un caissier malin, le temps que les condés viennent le jeter en camp de rétention. 18 % de plus de macchabées sur les routes. La Tolérance-zéro ne suffit plus. Que faire ?

On pourrait p’têt obliger les gens à aller au talbin en bus et à acheter des 4x4 puis à rouler sur des circuits payants pendant leur RTT. Xavier Darcos enfourche son bidet de chevalier blanc contre la « souffrance au travail ». La souffrance va bientôt être interdite et les chialeurs punis d’amende. Cynisme absurde. Comme si les médias et lui ne savaient pas que les méthodes managériales et l’appétit de profit en étaient responsables ; au XVIIe siècle on appelait ce genre de posture hypocrite un « cautère sur une jambe de bois » ; on dit aujourd’hui un titata. Le Bienfaiteur, élu sur des promesses de ne créer aucun impôt, doit reconnaître comme le lui suggèrent les pétroliers, que la taxe-carbone déboule sur une augmentation du précieux litre à la pompe d’au bas mot 10 % en 2010.

Encore un coup de ces salops d’écolos ! F. Mitterrand, contorsionniste libéral et globe trotter fripon, arrive à réconcilier sur son dos Léo Hamon et Marine Le Pen. On fête à grand bruit l’anniversaire de la chute du mur de Berlin. La démocratie, c’est pas au point mais y’a rien de mieux ! À quand l’anniversaire de la fin de l’économie de marché, de l’abolition du salariat, de la révolution autogestionnaire ! Finkielkraut, l’universitaire qui rit quand il se brûle, se lâche sur Radio-Paris ; empesé de morgue élitiste, il pourfend la populace illettrée. La bouche gourmande et le reste à l’avenant peut-être, il s’offre en martyr, tel Bambi, tel Polanski, à la justice des peuples ignares et ennemis de la Kulture.

Barack Obama, enfin, reçoit le Nobel de la Paix pour ses vastes promesses et contre pas mal de lobbies à fric. Dans cette caverne glauque qui sue l’angoisse et la rapacité, quel archéologue du futur, à la lueur d’une bonne vieille lampe à acétylène (il n’y aura plus d’électricité nucléaire depuis belle lurette), découvrira comme autant de gravures rupestres les excès de cette drôle de triste époque ? Lui qui aura sans doute connu les effets jubilatoires d’une révolution apocalyptique ou mieux d’un chambardement à base de solidarité et d’action directe, lui qui aura
appris à lutter sans dominer.