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éditorial du nº 1579

Le jeudi 21 janvier 2010.

Décidément cette année commence mal, si l’on en croit les experts en communication chargés de maintenir les consommateurs citoyens, dans une saine et sainte terreur des dangers de tout poil. Une vague de froid qui a paralysé les transports et les livraisons des denrées de première nécessité, dindes farcies, foie gras et autres caviardises. Eh oui, comme chaque année il fait plus froid l’hiver que l’été, les jours raccourcissent, la vie des SDF aussi, au grand dam des pouvoirs publics, des administrations, de la DDE et de nos journaleux.

Ah cette émouvante faculté d’émerveillement saisonnier devant les pièges de Dame Nature. Des morts comme s’il en pleuvait, Philippe Séguin l’insolent président de la Cour des Comptes, Mano Solo chanteur libertoïde, Bensaïd permanent émérite à la LCR, subitement devenus fréquentables du fait de leur disparition ; c’est effrayant comme les gens de plus de 65 ans ou malades ont tendance à bien plus calancher que les jeunes de moins de 30 ans en bonne santé ; encore heureux que le Johnny en ait réchappé, sinon c’était parti pour une semaine de deuil national. Pis que tout, l’abominable tremblement de terre qui a ravagé Haïti, 50 000 victimes au moins ; une véritable malédiction comme Kouchner n’a pas eu peur de l’asséner ce 14 janvier au micro de Radio-Paris-France-Inter ; une véritable bénédiction pour reporters, on mitraille les flaques de sang et les vieilles dépoitraillées avec des mines gourmandes. Heureusement les grandes puissances mettent bruyamment la main à la poche et nous invitent avec insistance à en faire autant.

Elle est pas belle la vraie fraternité de la pub et du malheur ! Nagi Bocsa, le bienfaiteur, jamais à court de titatas pas chers, propose crânement une conférence internationale pour discuter en rond. Culottés les tartuffes. Ils oublient un peu vite les sévices autrement douloureux qu’ils ont infligés à ces gens depuis des siècles. Massacre des indigènes par la bande à Christophe Colomb, installation de la plaque tournante de l’esclavage jusqu’au XIXe siècle, mise en coupe réglée par les States quand elle devient indépendante en 1826, pillage scientifiquement organisé par les mêmes depuis 1915, dette internationale faramineuse interminablement remboursée, dictateurs style Baby Doc soutenus en loucedé par la France, etc.

Cheu nous, loin de cette pénible rumeur-là, l’affaire du Trou (de la sécu) bat son plein : après les orgies anti-grippette, déjà le ténia malicieux de la gastro pointe son nez d’on devine où. Et patiemment, méticuleusement, pédagogiquement, sous l’œil de velours du beau syndicat qui rote à l’Élysée, la clique prépare de nouvelles privatisations, la mise en bière des retraites, ses réformes quoi.