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éditorial du nº 1583

Le jeudi 18 février 2010.

Exit l’Identité nationale, fiasco médiatico-UMP si bénéfique aux droites pur jus, finie la grand-peur grippale si juteuse pour nos labos. Salut, Bagram, Guantanamo discret et afghan, bonjour les bulldozers dans les squats comme à Bagnolet, cette enclave stalinienne tendance dure en territoire néolibéral. Nos maîtres fous ne sont jamais en peine de bonnes trouvailles.

Hortefeux fait ainsi donner une artillerie lourde de titatas avec son projet Loppsi 2. Après les gardes à vue pour les ti n’enfants, c’est la généralisation des couvrefeux pour les mômes de treize ans, l’extension exponentielle de la vidéosurveillance, le flicage des ordinateurs à distance comme en Chine. On barbote en pleine « démocratie totalitaire », tout ça pour rassurer, juste avant les régionales, un électorat gâteux, au crâne ramolli et plein de gelée de trouille. Bizarre que, sur ce coup-là, ce soit un confrère agenouilliste qui pose tout haut la question : « Faut-il choisir entre liberté et sécurité ? »

En silence et bien humblement soumis, le reste des médias serre tout très fort, les coudes et les lèvres, comme des allumettes transies dans leur boîte carbonisée. C’est qu’il faut de la pédagogie avant toute chose pour nous préparer benoîtement aux déficits des différents trous, finances, sécu, retraites et p’têt bien aussi à la banqueroute des Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne, cyniquement traités de Piigs et donc tout juste bons à saigner ; en attendant le tour de la Franchouillie,
du reste de l’Europe et du grand marabout étasunien.

Chez nous pourtant, du fric il y en a, si l’on en croit un entrefilet injustement passé inaperçu de notre excellent confrère enchaîné du 9 décembre passé ; on y relate une perle proférée en plein Sénat par le sénateur et marchand d’avions milliardaire Serge Dassault : « Depuis 2003, l’État a dépensé 160 milliards (on a bien lu) d’euros d’allégements de charges en faveur des entreprises, sans créer un seul emploi. » Parole de patron et pas des moindres !

Un « spécialiste » — encore un — Joseph Stiglitz (un prix Nobel, c’est pas d’la crotte) s’indigne poliment sur les ondes de Radio-Paris de la perversité des banques mais persiste à asséner doctement que l’économie de marché reste un outil incontournable ; un autre « espécialiste » prévoit une nouvelle crise pour fin 2010 ; bref, les peuples n’ont pas fini d’en baver et les articles parfois difficiles mais toujours lucides de notre camarade Jacques Langlois restent lumineusement pertinents. Et même si faire du social semble à certains passéiste et blasphématoire, il n’en reste pas moins que la solidarité et la décroissance sont plus que jamais des projets réalistes contre cette gestion de nos vies calquée sur l’appât du profit comme de vulgaires PME.