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éditorial du nº 1580

Le jeudi 28 janvier 2010.

Tandis que la catastrophe perdure à Haïti, que tous les médias s’y complaisent, en France les pouvoirs publics avaient bien l’intention de « faire leurs cochoncetés en toute quiétude ». Las, le double salaire du PDG d’EDF n’a pas passé la peur de la fronde. Dire comme dans la presse magazine : « Une révolution ! L’opinion publique fait plier Sarkozy » semble un peu court. On dirait même, sans se tromper, que la chose est beaucoup plus complexe. Ou alors, plus simplement, que l’échéance proche des régionales leur a fait changer de cap !

On ne sait si, à Tarnac, on lit dans le marc de café mais, à défaut de mobilisation dans le syndicalisme cheminot, on « déraille à grande vitesse » dans ce que l’on est obligé d’appeler une enquête. La « redoutable » Sous-direction antiterroriste (SDAT) tripatouillerait allègrement les fils au central téléphonique du village. Des barbouzes à l’écoute de ce qui se dit dans l’épicerie la plus célèbre sur le plateau des Millevaches, ça nous rappelle les plombiers, il y a quelque temps, au siège du Canard enchaîné ! Dans un quotidien national de l’après-midi, on peut mettre à la une que « les problèmes salariaux réveillent les tensions sociales », si on reste dans le rôle de baromètre social, de commentateur ou de comptable, bref ça ne fait pas avancer le schmilblic.

Vingt et un jours de mise à pied d’un agent de l’ERDF de Toulouse, pour avoir rétabli « de son propre chef » (sic) le courant d’une famille en difficultés financières, parle plus que toutes les considérations sociales d’universitaires patentés. Certes, on peut nous reprocher de nous attacher à des poches de résistance éparses, mais nous espérons qu’elles fleuriront prochainement. Comme l’exemple de ce qui s’est passé à Ackers, usine de Fraisses (Loire), promise à la fermeture en juin prochain. La direction proposait 28 500 euros d’indemnités. Ça semblait un peu court aux travailleuses et travailleurs d’Ackers, alors tout le monde s’y est mis et quatre cadres ont été séquestrés… pardon, retenus, pendant quelque temps ; 60 000 euros sont demandés pour chaque licencié — on espère qu’avec la médiatisation de leur lutte, elles et ils s’en sortiront au mieux.

Pour les retraites, la volte-face des instances dirigeantes du PS fait peine à voir. Même Jaurès doit se retourner dessous sa plaque au Panthéon. Il serait temps de renverser la vapeur à défaut de la marmite !