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éditorial du nº 1587

Le jeudi 18 mars 2010.

« Quand on se conduit comme une dirigeante de PME, on doit s’attendre à être séquestrée », c’est en gros ce que déclarait un syndicaliste de la santé la semaine dernière. Il s’agissait d’un hôpital de la région parisienne où la course au rendement et au profit est « orchestrée » par la directrice. C’est peu ou prou la même logique pour ce qu’on appelle pudiquement la frénésie immobilière sur le littoral.

Les projets d’urbanisme à La Faute-sur-Mer, qui ont abouti à la catastrophe que l’on sait, ont été autorisés par une élue dont la famille gérait des opérations immobilières dans les régions dites inondables… On dit que l’État « compte limiter les reconstructions » dans les zones à risques mais construites… Quels seront les critères ? La loi du profit, c’est à parier ! Côté patronal, ça branle dans le manche : Laurence Parisot a été déboutée en appel face à un ancien président de l’UIMM. La toile de fond était les liquidités qui circulaient dans les agissements de ceux qu’on appelait autrefois les maîtres des forges. Paix sociale, corruption de syndicalistes, la liste est longue… et la cheftaine de l’ex-CNPF n’en savait rien ? D’où l’embrouille juridique. À l’heure où nous bouclons ce Monde libertaire la gauche est donnée grande favorite au premier tour. Mais, comme de bien entendu, socialistes et écologistes s’arque-boutent déjà pour des négociations que l’on annonce rugueuses pour le second tour. D’aucuns se posent le problème de l’éthique, (« la gauche a-t-elle besoin d’une morale ? »), les bons apôtres ne sauraient oublier qu’en politique seuls les résultats comptent et que les bons usages peuvent aller aux oubliettes. Le printemps ne s’annonce pas trop mal pour celles et ceux qui aspirent à prendre la place de l’UMP et consorts. Mais à part dire qu’il faut faire autre chose, la question sociale reste pour eux quasiment terra incognita. Une fois les manettes du pouvoir en mains, la tendance sera-t-elle vraiment inversée ?

Prenons le cas du (au hasard bien sûr…) problème de l’éducation. Le
ministre, Luc Chatel, avait annoncé son intention d’avoir recours à des
retraités, des étudiants pour les remplacements. De quoi, bien sûr,
réveiller les tièdes, encourager à la mobilisation. D’où, vendredi dernier, manifestation, défilés dans une trentaine de villes, Marseille, Lyon, Lille, Toulouse, Limoges… Le ministre, « socialiste » à l’époque, Claude Allègre avait-il eu la même démarche en déclarant qu’il fallait « dégraisser le mammouth » ? Le rendement, le profit sont préconisés à droite comme à gauche.

Nous le savons, les élections on va en bouffer encore quelque temps. Après, on pourra peut-être discuter de l’unité dans les luttes au lieu de la quête des strapontins dans les allées du pouvoir.