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éditorial du nº 1588

Le jeudi 25 mars 2010.

Au prétexte d’un prétendu jeu télévisé, la toute puissante boîte à images, s’inspirant d’un vieux gag des années soixante, met en scène tortures et mise à mort en public. Zone Xtrême ça s’appelle.

Raffinement dans la perversion, ses concepteurs feignent de dénoncer la cruauté humaine, tout en flattant les voyeurs égrillards invités à la reluquer.

Façon de souligner en passant que 80 % du populo est malléable et stupide. Populo qui fait vivre grassement la petite coterie prétentieuse et avide de la télé. Mais il n’y a pas que des jeux, il y a du cirque aussi. Ainsi, un vent nauséabond de pédophilie déferle sur les différents clergés européens.

Dangereux piège médiatique que la pédophilie : souvent mise en avant — comme l’identité nationale, le sport professionnel ou les histoires de cul des princes — pour détourner l’esprit des braves gens des vraies entourloupes qui les concernent, voilà-t-il pas que la torpille médiatico-pédophilique rate sa cible et s’en va éperonner la bondieuserie, cet autre cuirassé de la bien-pensance. Heureusement, coco, les pros savent en ouater l’étalage, aidés en cela par des élections régionales si incontournables qu’elles voient le triomphe d’un candidat nommé « désintérêt général ». Ces élections, bidons comme les autres, ne sont qu’une courte pause. Nos experts économistes autoproclamés éructent crânement un fort plaisant constat : « La Frrrance a mieux résisté à la crise que d’autres partenaires européens parce qu’elle dispose d’une meilleure protection sociale. » Ça fait plaisir aux trois cent mille nouveaux chômeurs, et surtout ça n’empêche pas Fillon, l’inénarrable premier sinistre qui rit quand il se brûle, de clamer à l’encan qu’il faut illico presto, dès après les régionales, poursuivre au pas de charge le train des « réformes ». Et là c’est pas des titatas, il s’agit bel et bien de peaufiner la mise à sac de ce fameux tissu social de l’exception française censé nous protéger des indélicatesses bancaires. La logique néolibérale ignorerait-elle la logique ? L’enrichissement des bourrins risquophiles primerait-elle la survie des gueux ? En serait-il cheux nous comme dans un vulgaire « petit laboratoire grec » ? Pas étonnant alors, qu’un Sud-syndicaliste, questionné la semaine dernière à l’antenne de Radio-Paris-France-inter, ne jure que par l’action directe et les mandats impératifs, pas étonnant non plus qu’un jeune sur trois (toujours d’après Radio-Paris mais pas aux heures de grande écoute, on se rassure) déclare préférer descendre dans la rue ou se mobiliser localement plutôt que de se plier à d’inutiles messes électorales. Quelle pertinence, quelle rigueur : voilà qui parle au cœur et à la raison. Plus que jamais, bloquons les entreprises, envahissons la rue et prenons nos affaires en main !