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éditorial du nº 1299

Le jeudi 28 novembre 2002.

Dialogue social, cette expression sonne bien rond dans la bouche de nos gouvernants de la France d’en bas. Malheureusement, lorsque, au pied du mur, il s’agit de mettre en œuvre ce qu’ils prônent, ces messieurs de la France d’en haut ne savent que sortir les bâtons de la répression.

Les camionneurs menacent-ils de bloquer les routes, pour se faire entendre de leurs patrons qui les mènent en bateau sans répondre à leurs revendications, Raffarin-Sarkozy répondent en envoyant la troupe.

Pendant ce temps, le dialogue avec le patronat aboutit à des réductions fiscales, des allègements de taxes qui leur permettent d’augmenter leurs profits.

Certains militants veulent-ils mettre en garde la population sur les dangers des expérimentations en plein air des organismes génétiquement modifiés ? Plutôt que d’imposer aux laboratoires à la solde des multinationales le surcoût de l’expérimentation en milieu confiné (où l’on peut reproduire les conditions naturelles du plein air mais qui alors coûte beaucoup plus cher), on envoie ces militants en prison pour décourager ceux qui voudraient leur emboiter le pas.

Des femmes, des hommes, des enfants fuient-ils, au péril de leur vie, leurs pays d’origine où ils sont persécutés par la répression ou la misère, pour se rendre en Angleterre où ils ont de sérieuses raisons de penser qu’ils pourraont y trouver refuge, quatre ou cinq compagnies de RS sont mobilisées pour leur barrer le chemin en organisant une chasse à l’homme tout à fait illégale, agrémentée de chantages et de déportations.

Il y a 81 ans, Lénine disait : « Le communisme, c’est le gouvernement des soviets plus l’électrification. » Pendant ce temps-là le peuple se rendait compte que « le communisme, c’était la bureaucratie plus les fusillades [1] ».

Aujourd’hui où les syndicats et les communistes ont renoncé à la lutte des classes, nos gouvernants libéraux (de droite comme de gauche) nous disent : « Nous sommes du côté de la France d’en bas et pour le dialogue social. »

Et nous nous apercevons qu’ils ravivent en fait la lutte des clases où la France d’en haut écrase la France d’en bas.

Alors, à nous de leur montrer que nous ne nous laisserons plus berner par les beaux discours et que nous ne voulons plus nous laisser marcher sur les pieds !


[1cf la « une » des Izvestias de Kronstadt, nº 7 (9 mars 1921).