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Il y a vingt ans…

P’tit Louis nous quittait

Le jeudi 14 novembre 1991.

Louis Lecoin s’est éteint en 1971 après une vie bien remplie au service de la paix et de la cause anarchiste.

Les « Amis de Louis Lecoin » ont décidé de mener une action dans la ville qui l’a vu naître et où il est encore trop méconnu.

Affaire à suivre en la circonstance.



Louis Lecoin (1888-1971), l’homme qui obtint en 1962 le statut des objecteurs de conscience après une grève de la faim de 22 jours, était originaire de Saint- Amand-Montrond dans le Cher.

C’est le 30 septembre 1888 que nait Louis Lecoin dans une modeste maison de la rue Foy. Son père est journalier et ne gagne que deux à trois francs par jour selon la saison. Il y a sept enfants à la maison : « autant vous avouer que l’affreuse misère ne quitta point le seuil de notre demeure ». Il passe son certificat d’études puis travaille successivement dans une imprimerie locale, apprend le métier de jardinier pendant trois ans dans une ferme-école près de Morlac.

Après le décès de sa mère qui le met dans une « immense détresse », il finit par monter définitivement à Paris en 1907.

Les années Sacco et Vanzetti

Lors de son service militaire qu’il effectue à Cosne-sur-Loire, il refuse de briser une grève de cheminots. Sa noble attitude est remarquée et signalée dans de nombreux journaux. Il est condamné à six mois de prison.

Devenu secrétaire de la Fédération anarchiste communiste, il est à nouveau emprisonné en 1912 pour « association de malfaiteurs », en réalité pour lutte contre la mobilisation et lutte pour la paix. À part deux intermèdes d’une quinzaine de jours, il va passer plus de huit ans en prison.

Les années 20 et 30 marqueront une grande action de Louis Lecoin dans la vie publique française : la défense de Sacco et Vanzetti, c’est lui. Il sauvera de l’expulsion qui devait condamner diverses personnes poursuivies pour motif politique : par son action, il a été à l’origine de plusieurs projets de loi limitant l’extradition pour les prisonniers politiques.

En 1939, son tract Paix immédiate le fait condamner à plus de trois ans de prison. Retiré dans le sud de la France, il reviendra dans l’arène pour prendre la défense des objecteurs de conscience dont certains sont en prison depuis six, sept, huit, voire neuf ans. Albert Camus, Jean Cocteau, l’abbé Pierre… appuieront son action.

En juin 1962, il commence une grève de la faim pour obtenir du gouvernement le statut que celui-ci promet depuis des années.

Le gouvernement cède le 22 juin : il était temps ; Louis Lecoin était au bord du coma. Le statut sera voté en 1963.

De nombreuses personnalités proposent son nom au comité Nobel pour lui décerner le prix Nobel de la Paix en 1964. Apprenant que le pasteur Martin Luther King est candidat, il demande que sa candidature soit retirée.

Il meurt à Pavillon-sous-Bois, le 22 juin 1971.

Gilles Fourdachon


SAINT-AMAND-MONTROND

Hommage des « Amis de Louis Lecoin »

Les « Amis de Louis Lecoin » ont donc décidé de mener une action dans la ville qui l’a vu naître et où il est encore méconnu. Cette journée, co-organisée avec la municipalité de Saint- Amand-Montrond, se déroulera le dimanche 17 novembre.
 9 h 30 : Rendez-vous rue Foy, maison de Louis Lecoin. Pose d’une nouvelle plaque ;
 10 h : Hommage officiel : inauguration d’un buste dans un square ;
 10 h 30 : Exposition Louis Lecoin à la bibliothèque. Sortie d’une plaquette d’une quarantaine de pages sur sa vie, avec des témoignages divers ;
 11 h : Vin d’honneur offert par la ville et discours officiels ;
 14 h 30 : Mini-colloque (salle des Carmes). Témoignages et analyses sur Louis Lecoin et son action ;
 17 h 30 : Film au cinéma Le Moderne, rue Henri-Barbusse.

N.B. : Pour toute information complémentaire, contactez Gilles Fourdachon, 3 rue Hôtel-Dieu, 18200 Saint-Amand-Montrond. Tel : (16) 48.96.48.36.