Avant de se dire anarchiste, il se déclarait montmartrois, sans fausse malice. On aurait pu se croiser sur les flancs de la Butte, j’habitais près de Château-Rouge et lui de la Goutte-d’Or. Il nous a quittés il y a quelques semaines et, ironie du sort, il a été enterré un 22 mars.
Alors qu’on avait dû fréquenter les mêmes marchands de disques, 68 nous avait en quelque sorte séparés : je me promenais sur les barricades et au théâtre de l’Odéon, et lui séjournait pour insoumission derrière les barreaux.
Ainsi Bernard, car c’est de lui qu’il s’agit, avant de soutenir « Blues en liberté » à la technique, aura roulé sa bosse entre les disques de blues et l’antimilitarisme. Quand Radio Libertaire naquit, c’est donc tout naturellement qu’il prit contact et que le tandem de « Blues en liberté » prit son envol.
On croyait tous qu’il allait s’en sortir, et on projetait à la guérison de son cancer d’aller voir Sue Foley au New Morning. La fée clochette du blues blanc est toujours époustouflante à la guitare. Sa voix paraît trop acide à certains. Bernard et moi, on l’aimait bien. Voilà.
Thierry
(« Blues en liberté »)