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éditorial du nº 1150 et autres articles du ML1150 (quelques-uns seulement)

Le jeudi 4 février 1999.

Éditorial


Jospin veut casser du jeune !

Après un mois de focalisation politico-médiatique, Jospin a annoncé, lors du conseil de sécurité intérieure du mercredi 27 janvier, un certain nombre de mesures marquant un net durcissement sécuritaire. À cette occasion, le premier ministre a tranché la polémique Chevènement-Guigou et, contrairement à ce que semblait annoncer la presse, c’est le ministre de l’intérieur qui sort finalement vainqueur de cet arbitrage sur l’essentiel, le fond.Le 27 janvier, Chevènement pouvait afficher la mine satisfaite de l’homme qui a été entendu. En effet, la seule mesure réellement nouvelle est la création de " centres de placement immédiat " réservés aux mineurs " délinquants multirécidivistes ". Cinquante centres de ce type, pour une dizaine de jeunes dans chacun d’entre eux, devraient être mis en place avant 2001, dont quinze avant la fin de l’année.

Des prisons pour enfants

Dans ses déclarations, au début du mois de janvier, Chevènement affirmait la nécessité de " centres de retenue ". Après la détention, en prison, et la rétention, réservée aux sans-papiers, le ministre de l’intérieur innovait en proposant ainsi un euphémisme administratif pour désigner l’enfermement d’une autre catégorie de population : les mineurs de moins de seize ans.

Jospin a préféré parler de " centres de placement immédiat " mais la réalité est la même. Ils seront " fermés ", comme le souhaitait Chevènement, même si le premier ministre a préféré parler, pour mieux faire passer la pilule, de centres " strictement contrôlés " tout en ajoutant cette citation d’Alfred de Musset : " Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ". Ces " centres de placement immédiat " destinés à tous les mineurs, sans distinction d’âge, répondent à l’attente de Chevènement qui réclamait la possibilité " d’éloigner " les moins de seize ans, qui ne peuvent pas être soumis à la détention provisoire.

On nous annonce que ces jeunes ne pourront pas y être enfermés pour une période supérieure à quelques semaines, dans l’attente d’une comparution devant le juge des enfants qui décidera alors de leur placement dans un autre type de foyer ou en prison. C’est ce que le gouvernement nous dit aujourd’hui mais soyons clair : la création de ces centres constitue une étape déterminante vers la mise en place de véritables prisons pour enfants.

Pour l’instant, on nous annonce que ces centres seront placés sous la responsabilité d’éducateurs relevant de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et non, comme le souhaitait Chevènement, de matons issus de l’administration pénitentiaire. Mais comment des éducateurs pourraient-ils accepter de jouer ce rôle de matons ? Sur ce point, le syndicat majoritaire, le SNPES-PJJ, a réagi : " si ce sont des centres où les jeunes sont placés en attendant d’être jugés, et dont ils ne peuvent sortir, c’est de la détention provisoire qui ne dit pas son nom. Il est clair que les personnels de la PJJ refuseront de travailler dans de telles structures ".

Ils se doivent de tenir bon, même si le gouvernement tente de les acheter en annonçant le recrutement exceptionnel de 1000 éducateurs PJJ sur trois ans, venant renforcer les 3000 en poste actuellement. C’est la nature même de leur fonction qui est en jeu.

Muscler la répression

Jospin a accompagné l’annonce de la création de ces " centres de placement immédiat " d’autres décisions qui, pour l’essentiel réaffirment, en les " musclant ", les dispositions prises lors du conseil de sécurité intérieur du 8 juin 1998 : le redéploiement de la police et de la gendarmerie vers les " quartiers sensibles ", l’augmentation du recrutement des emplois-jeunes (8300 adjoints de sécurité supplémentaires en 1999), la généralisation du traitement en temps réel à tous les tribunaux (dispositif consistant à convoquer systématiquement au parquet chaque mineur auteur " d’incivilité ", accompagné de ses parents), la multiplication des dispositifs éducatifs renforcés (100 en 2000 contre 13 aujourd’hui) : de petits foyers prenant en charge les jeunes 24 heures sur 24 pour des séjours de " rupture " censés les réadapter à la vie en société.

Un jeu dangereux

Pour donner l’illusion d’un semblant d’équilibre, d’une prise en compte de la prévention, Jospin s’est contenté de rappeler l’existence d’autres actions déjà engagées : le recrutement de 10 000 aides-éducateurs, la création de 250 nouvelles classes-relais (destinées à des jeunes " ingérables " en situation d’échec scolaire) et la montée en puissance du programme Trace, dispositif inscrit dans la loi de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998, censé proposer un parcours individualisé " d’accès à l’emploi " de 18 mois à des jeunes sans qualification.Aujourd’hui, on peut légitimement se poser la question : où s’arrêtera la dérive sécuritaire du gouvernement ? Pendant plus d’un mois, la sécurité en général, et la délinquance des mineurs en particulier, a occupé constamment la une de l’actualité. Inévitablement, ce climat délétère laissera des traces. Artificiellement, monde politique et médias suscitent ainsi un sentiment d’urgence, propice à toutes les démagogies.

Par ses déclarations sciemment outrancières et provocatrices, Chevènement a joué le rôle de déclencheur. Comme pour l’immigration il y a quinze ans, on est en train aujourd’hui d’instrumentaliser la question de l’insécurité à coups de fantasmes et de petites phrases. Les " sauvageons " de Chevènement resteront dans toutes les mémoires comme la célèbre phrase de Rocard : " la France ne peut accueillir toute la misère du monde ". Mais toute la gauche plurielle, bien discrète face au virage répressif du gouvernement, en porte la responsabilité politique.

Comme Georges Sarre, la voix de son maître au mouvement des citoyens, qui emprunte à Le Pen son humour pour se moquer de la " gaugauche ", Jospin devrait lui aussi mieux choisir ses références. Dans " Les Caprices de Marianne ", Alfred de Musset affirmait : " une sentence de mort est une chose superbe à lire à haute voix ". Quand la boite de Pandore est ouverte, il est toujours difficile de la refermer…

Patrick — groupe Durruti (Lyon)


Informatique : un outil à ne pas mettre entre toutes les mains
Hervé


Un fascisme bien ancré dans la société
Vincent — liaison Gard


Les bouffons
Jean-Marc Raynaud


Les agriculteurs dans la mêlée ?

Les agriculteurs se fâchent. Leur niveau de vie étant stagnant ou à la baisse, ils s’en prennent au gouvernement, aux politiciens, à l’Europe de Maastricht et (ce qui n’est peut-être pas indispensable) se laissent parfois aller à une dérive nationale-corporatiste en désignant (air connu) l’étranger comme premier responsable de leurs difficultés. Tout irait si bien si la France – si chaque nation – vivait repliée sur elle même…Leur colère est néanmoins justifiée, même si au cours de leurs manifestations quelques excités se défoulent, en se livrant à des actions violentes, et des mises à sac de matériels, des destructions de denrées alimentaires (alors qu’il y a tant d’affamés de par le monde) venant de l’extérieur, donc de l’étranger… et circulant sur les routes de France avec de la marchandise censée devenir dangereusement concurrente de celle que par leur labeur et à longueur d’année ils produisent. Ce qui n’améliore pas l’image de marque d’une profession dont l’activité conditionne en grande partie la subsistance de la collectivité, chacun reconnaissant ce qu’elle peut avoir d’ingrat pour ceux qui en vivent.

Inégalité du monde paysan

Les agriculteurs, avons-nous dit ? Attention, pas tous les agriculteurs. Seulement les petits et les moyens, victimes, comme il s’en trouve dans toutes les branches de la production, d’une incontournable mécanisation, d’une métamorphose de leurs tâches, d’une considérable augmentation du prix de leurs outils (tracteurs, batteuses, broyeuses, etc.), des carburants, auxquels s’ajoutent les prix excessifs des engrais, des fongicides, pesticides et autres produits utiles pour accroître une productivité à laquelle les condamne la fameuse " loi du marché " s’ils veulent éviter d’être dévorés par plus fort qu’eux, par ces " industriels " de l’agriculture que sont les grands propriétaires terriens, ces seigneurs de la terre qui, constituant un autre monde que le leur, sont équipés depuis longtemps à l’américaine et adaptés aux techniques les plus performantes. Bien sûr, ce ne sont pas ces derniers qui ouvertement pousseront à manifester, à appeler publiquement au secours, mais ce qui est plus que choquant, si l’action menée par leurs petits frères en agriculture aboutit tant soit peu, ils en récolteront les fruits, bien qu’étant demeurés silencieusement et confortablement dans l’ombre pendant que l’agitation des premiers défrayait la chronique.

Il est couramment de bon ton, pour les médias – dont l’audimat est le nombril et la recette publicitaire le plat de résistance – de se pencher sur la " colère paysanne ". Or l’expression n’est plus de mise. Pourquoi parler encore de " paysan ", alors que le paysannat n’existe plus – du moins dans les pays industrialisés ? Fini le temps où il paraissait normal qu’à quelques exceptions près les gens de la terre passent leur existence privés de confort domestique tant pour l’habitat, l’électroménager, le vêtement, les conditions d’hygiène, etc. sans oublier les commodités – fussent-elles encore insuffisantes – de transport pour la scolarisation des enfants demeurées longtemps accessibles uniquement au niveau des agglomérations rurales importantes des cités urbaines. La ruralité n’est plus ce qu’elle était il y a quelques lustres. Et avec raison elle continue à revendiquer en faveur d’une équivalence, dans les faits, du droit à une vie décente par rapport à celui de la citadinité. Même si les modes de vie sont différents, on ne voit pas pourquoi il y aurait différence de droits fondamentaux, chacun les vivant selon ses penchants dans la sphère et l’environnement qui lui sont propres.

Une agriculture en mutation

[ imafe cassée : Le maïs transgénique est dangereux ]

Les très petites unités agricoles ont pratiquement disparu, leurs surfaces ayant été groupées, pour " rentabiliser " le travail, soit par des achats, soit par des locations, afin d’en faire des exploitations de taille à supporter les crédits bancaires indispensables pour l’acquisition de matériels, de bâtiments appropriés, et de cheptels s’il s’agit de producteurs de viande. Dans le domaine des incertitudes, les cultivateurs, déjà exposés aux conséquences des caprices de la nature : sécheresse, humidité persistante, fortes gelées précoces ou tardives, doivent compter avec les variations des cours mondiaux de leurs produits. Si ceux-ci sont à la baisse et contredisent leurs prévisions, les rentrées d’argent peuvent devenir insuffisantes pour couvrir l’endettement, au point qu’il n’est pas rare de voir des exploitations agricoles en état de faillite. Et il est clair qu’aujourd’hui, et par la force des choses, le cultivateur n’est plus seulement celui qui travaille la terre, qui se dépense musculairement, il lui faut être en même temps un gestionnaire aux prises avec des problèmes d’achat, de vente (même en passant par des coopératives agricoles), d’amortissement, d’entretien et de renouvellement de matériels, de fiscalité, de mise à jour et d’équilibrage de sa trésorerie s’il veut savoir où il va, et doit être capable, aussi souvent que besoin, d’établir un compte d’exploitation.Mais que de contradictions dans ses comportements ! Au nom de sa liberté, il se déclare contre l’État autoritaire, inquisiteur, tracassier et touche-à-tout (serait-il, ce disant, anti-étatiste ?) mais dès que pour lui les affaires vont mal, c’est vers cet État par lui tant décrié qu’il se tourne en appelant au secours.L’État préleveur d’impôts directs ou indirects, même relayé par la région ou la commune, est pour lui une monstruosité, mais au lieu de préconiser la mise en œuvre – par la libre association – d’une mutuellisation de sa profession pour la constitution d’un fond commun (dont il ait vraiment la maîtrise) des denrées produites par celle-ci, il se contente de rendre les " pouvoirs publics " responsables ou coupables de ses déboires, et en définitive consolide et consacre cet État en sollicitant de lui aide et protection. Bien qu’en contact permanent avec la nature (qu’il connaît mieux que quiconque) il manque d’enthousiasme pour ce qui est de l’écologisme. Et si l’on est curieux sur ses préférences en politique, on découvre que statistiquement, dans l’éventail de l’électorat de l’Hexagone, à part certains secteurs de Bretagne et du midi, il se situe surtout à droite, marque d’un persistant conservatisme. Cela dit sans sous-entendre que les politiciens de gauche vaudraient plus que ceux de droite…Cependant se confirme l’émergence, en milieu agricole, et on ne peut que s’en réjouir, d’une frange de " jeunes agriculteurs " à l’esprit ouvert aux réalités sociales présentes et aux perspectives sociétaires de l’avenir. Mais nous n’en sommes pas encore à voir des agriculteurs pressurés se faire solidaires des salariés (de toutes professions) les plus mal payés et des sans emplois, admettant du même coup que, le sort des uns étant lié à celui des autres, doit s’ensuivre une lutte commune contre les puissances d’argent et toutes les institutions sources ou forteresses des inégalités et génératrices de misère.Pour l’heure, et malgré quelques accrochages, la prétendue démocratie continue son bonhomme de chemin. Privilégiés de tous poils, dormez tranquilles ! L’ordre établi n’est pas vraiment menacé. Et cela jusqu’à quand ?

Henri Bouyé — groupe Val de Loire


La santé ? Il faut lutter pour la garder
Groupe Kronstadt


Kosovo, Irak
F. G. (Rennes)


Les femmes en noir
Les Femmes en Noir


Grande-Bretagne

Vers une légalisation médicale du cannabis

Le cannabis sera disponible sur prescription médicale en Grande-Bretagne d’ici trois ans, ont prédit les médecins alors que les premiers tests officiels pour évaluer les effets thérapeutiques de la drogue ont reçu le feu vert lundi.La communauté médicale britannique est " plutôt confiante " dans la perspective que ces tests prouveront que le cannabis a des effets cliniques bénéfiques, a indiqué une représentante de la Société royale pharmaceutique. " Nous espérons une autorisation de prescription d’ici trois ans, ce qui permettra d’administrer (le cannabis) au patient le plus vite possible ", a-t-elle ajouté.

Le porte-parole a indiqué que les tests devraient s’étaler sur six mois. L’un des tests consistera à administrer la drogue à 300 patients volontaires pour évaluer son efficacité dans le traitement de la douleur post-opératoire. Des essais seront également réalisés sur 600 malades atteints de sclérose en plaque dans le but d’évaluer l’effet du cannabis sur la douleur mais aussi sur la rigidité des muscles provoquée par la maladie.

Le ministère de l’Intérieur a déjà autorisé une société pharmaceutique, GW Pharmaceuticals, à cultiver et fournir du cannabis pour la recherche médicale. 5 000 plants de cannabis avaient été mis en terre à cet effet en août dernier dans une serre dans le sud de l’Angleterre. Sa localisation exacte est tenue secrète. Les plants, qui à la fin de leur croissance, avaient atteint 2,6 mètres de hauteur, ont depuis été récoltés et mis à sécher avant d’être transférés vers un laboratoire. Le but des tests est d’obtenir des résultats qui pourraient être acceptés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les résultats d’études précédentes n’ont jusqu’à présent jamais été reconnus comme assez scientifiques.

KSHOO


Mobilisation du soutien aux sans-papiers
Nicola — groupe La sociale (Montpellier)


Fermer les camps, ouvrir les frontières
Commission de Correspondance de la Fédération italienne


Syndicalisme
Floréal


Kokoschkaau
Heike Hurst — émission « Fondu au Noir » (Radio libertaire)


Disparus
Heike Hurst — émission « Fondu au Noir » (Radio libertaire)


Anti-expulsions : être libre ou se reposer
R_is — groupe Nantes


Liberté de circulation avec ou sans papiers
Pascal — Suresnes (92)