Accueil > Archives > 2012 (nº 1656 à 1692) > 1660 (16-22 février 2012) > [éditorial du nº 1660]

éditorial du nº 1660

Le jeudi 16 février 2012.

Avertissement ! La semaine passée a été ponctuée par une bordée d’avertissements de la part des dominants, pervers narcissiques et autres tordus réacs de tout poil. Avertissement aux populos européens : sagement assis côte à côte pour la photo, pommadés comme deux communiants, le bleu et brun regard qui ment, Merkel et Sarkozy les mettent en garde : hors de l’euro, point de salut ; pour que les gras continuent à s’engraisser, que les entreprises du CAC 40 y restent, va falloir faire comme les Grecs, les Espagnols, les Portugais : se la serrer et raquer, ou crever.

Avertissement aux collectivités locales : assez de dépenses ! Et de dauber sur leurs scandaleux budgets maintenant que, suite aux malins « transferts de compétence », le pouvoir central s’est déchargé sur elles — routes, aides sociales, etc. — de tout ce qui coûte cher et rapporte rien.

Avertissement urbi et orbi aux Arabes : leur civilisation est inférieure, z’aiment pas les femmes et les voilent, alors que les vrais civilisés blancs de qualité supérieure les battent et les foutent à poil. Les Palestiniens, ces maladroits, la Syrie cet ex-excellent client de nos industries de pointe, l’Iran cet impudent qui veut faire la bombe, tous à mettre dans le même panier. Heureusement, Israël et Obama préparent en loucedé et main dans la main un proche règlement musclé de tout ce bazar.

Avertissement aux pauvres : TVA sociale pour tout le monde. Cette année encore, la classe politique au pouvoir a été surprise par la vague de froid ; surprenante cette propension qu’a l’hiver — de façon sournoise — à se montrer plus froid que l’été. Pas en peine de titatas, la ministre a trouvé la solution : on se calfeutre et on reste chez soi ! C’est ça qui réchauffe les SDF et tous les couche-dehors. Sûr, ça les laisse froids, très froids.

Avertissement aux chômeurs, ces feignants professionnels. Va falloir qu’ils se forment les zozos ; plus question de refuser les emplois qu’on a la bonté de leur imposer. Et puis tiens, le chômage voilà ce qu’on en fait : on délocalise Renault à Tanger, on leur proute au nez à ces salops d’assistés.

Avertissements du maître à l’esclave, avertissements du prestidigitateur à la dupe ; et si on en avait marre de ce concert d’avertissements. Un avertissement, ça se retourne. Et si on les avertissait que le ras l’bol c’est pas pour les chiens, que les piques c’est bien pour leurs têtes, que leur fin est proche, qu’on prend nos affaires en mains, qu’on les grève-générale, qu’on s’auto-organise contre eux, sans eux, qu’on devient anarchistes !