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éditorial du nº 1296

Le jeudi 7 novembre 2002.

Cela fait maintenant un peu plus de quatre mois que les représentants de la droite, dite « modérée », composée du « sauveur de la République », des « garants de notre sécurité » et des « défenseurs de la France des oubliés », tiennent dans leur main l’essentiel du pouvoir exécutif. De leur côté, les représentants de la gauche, dite socialiste, contraints d’assumer leur défaite, ont quant à ceux vaillamment rejoint le camp de l’opposition.

Plus un jour ne passe sans que ces grands hommes, soudainement épris de valeurs humanistes, ne dénoncent haut et fort tous les faits et gestes du gouvernement actuel. On déplore un « libéralisme outrancier », on crie aux « lois liberticides », on s’insurge même de la « guerre menée contre les pauvres ». Un peu plus et on serait séduit. !

Pourtant, à y regarder de plus près, les mesures prises aujourd’hui se sont que la suite logique de celles qui ont été choisies hier par ceux qui les décrient. Les lois de sécurité quotidienne, la privatisation des services publics, la suppression des acquis sociaux… bref la destruction de tout ce qui se rapproche d’une société tant soit peu solidaire, juste, égalitaire et libre n’est pas l’apanage du seul duo « Raffarin-Sarkozy ». Loin s’en faut. Ne serait-ce alors, de la part des « refondateurs du Parti socialsite », qu’une stratégie pour reconquérir pas à pas, et ce dès les élections européennes de 2004, un pouvoir qu’ils ne supportent pas d’avoir perdu ?

Sans aucun doute. Car si les idées vont et viennent, si l’idéologie fluctue au grè des victoires et des défaites électorales, les pratiques de ceux qui détiennent ce pouvoir tant désiré apparaissent immuables. Celles-ci ne font que révéler la vraie nature de l’État : assurer les privilèges de quelques-uns, au prix, s’il le faut, de l’esclavage du reste du monde.

Et quelle aubaine, que ces événements du 11 septembre 2001 ! Le terrorisme aujourd’hui permet à tous ces États, de l’est comme de l’ouest, du nord comme du sud, de justifier de toutes les atrocités dont ils sont coupables. Peu importe la vie, quand il s’agit de rétablir l’« ordre », de restaurer un pouvoir qui a été défié. Et n’en déplaise aux Afghans morts sous les bombes américaines et européennes, ou au quelques centaines d’otages russes gazés par les autorités du Kremlin.

À nous de mettre en œuvre des pratiques qui nous permettront de construire un monde différent. Comme le disait un pédagogue de renom, cité il y a peu dans Le Monde libertaire : « L’énoncé théorique des droits et des libertés ne suffit plus : c’est la pratique sociale qu’il faut développer afin que l’homme sache plus tard se conduire librement dans les diverses occasions de sa vie. »