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éditorial du nº 1739

Le jeudi 17 avril 2014.

Être insultée dans la rue, une fatalité quand on est une femme ? Il faut bien croire que oui. Aujourd’hui encore, le sexisme ne peut être puni que s’il mène à une discrimination basée sur le sexe (dans le cas d’un entretien d’embauche, par exemple). Quand vous jetez une canette dans la rue, vous pouvez recevoir une amende. Quand vous traitez une femme de « salope » ou de « pouffiasse mal baisée », non.

Même, si une femme que vous avez agressée a le culot de se défendre physiquement, vous pouvez porter plainte contre elle et gagner. Impunité totale. Malgré un certain nombre d’instruments juridiques supposés offrir une protection contre le sexisme, le racisme et toutes les formes d’intolérance, combien sont quotidiennement confrontés au racisme, à la discrimination, à l’exclusion et aux violences verbales et physiques ?

Racisme, sexisme… ne sont pas des opinions. Ce sont des délits. Si nous sommes favorables à la liberté d’expression, nous sommes aussi fondamentalement attachés à la responsabilité qu’elle implique. Ce n’est pas être un horrible censeur que rappeler que l’insulte est guerrière, qu’elle humilie et qu’elle dégrade, qu’elle provoque et qu’elle stigmatise, qu’elle menace et brise.

N’en déplaise aux pourfendeurs du très méchant « politiquement correct », la liberté d’expression ne s’incarne pas glorieusement dans l’aboiement haineux.