Accueil > Archives > 2014 (nº 1727 à 1759) > 1748 (10-16 juillet 2014) > [Météo syndicale]

Météo syndicale

Le jeudi 10 juillet 2014.

« Or si les Bourses du travail sont le carrefour des résistances contre la société bourgeoise, ce sont également les lieux de solidarité, d’entraide, d’éducation, l’école du socialisme autogestionnaire. » Cela est tiré de l’introduction à la brochure Les Bourses du travail et la CGT pour la reconquête d’espaces de luttes autonomes. Certes, aujourd’hui, cela fait un peu vieillot et pas seulement pour les nouvelles générations ! Certes, à la lumière cruelle de notre XXIe siècle, les Bourses du travail, historiques ou non, ressemblent à des musées ou à des temples de la compromission interclassiste. Au siècle dernier, et pas seulement au début, c’était une contre-société en marche concrète. Dans Paname, les prolétaires allaient près de la place de la République au 3, rue du Château-d’Eau pour les réunions. Après, on remontait par la rue de la Grange-aux-Belles pour atteindre l’Est à travers la place du Combat. Ironie du sort, c’est là, dans le XIXe arrondissement, que militait le jeune militant anarchiste Léon Jouhaux, qui fut le champion de l’Union sacrée en 1914…

Aujourd’hui, si la contre-société que représentait le mouvement des Bourses du travail était à la hauteur, elle s’affirmerait contre les partis politiques et l’État ; serait-elle à la hauteur des luttes à mener ? Peut-être pas… Mais, au moins, une position clairement syndicaliste serait énoncée face à toutes les solutions politiques qui, à des degrés divers, ne cherchent qu’à s’accommoder du capitalisme.

Las, en ce moment les forces politiques se réclamant de la gauche ne songent qu’à un front électoral rassemblant PCF, Verts et « frondeurs du PS ». On a aussi droit à la « marche du 12 avril », qui regroupe syndicalistes CGT, FSU, Solidaires, NPA, Front de gauche, socialistes, Attac, Convergence des services publics, etc. Une mobilisation de « portée nationale » est prévue à la rentrée. Dans la crise politique actuelle toutes et tous envisagent de « construire un projet de société ». Certes, cela part de bons sentiments… mais quid d’un front intersyndical de refus des prétentions de l’équipe Gattaz à la sauce cédétiste ? Les instruments, unions locales, départementales sont là, souvent roulant à vide…

Pour que les syndicats, la CGT entre autres, n’aient plus à dénoncer le scandale des travailleurs détachés et les salaires à prix cassés, particulièrement dans le bâtiment. La lutte locale « paye » plus que les campagnes nationales.

Jean-Pierre Germain (groupe Salvador-Seguí)