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Ne vous laissez pas démasquer !

Action camouflage, Paris-gare de Lyon

Le jeudi 11 janvier 2001.

« Que se passe-t-il ? » se demande une dame qui s’est arrêtée devant le groupe masqué stationné devant le QG de vidéosurveillance de la gare de Lyon. « Rien ! Sinon que notre liberté de circuler a eu un accident ! », répond amusé un militant.

Jeudi 14 décembre à 18 heures, c’est l’« Action Camouflage » : une quarantaine de personnes ont envahi la salle Méditerrannée de la gare de Lyon pour l’action anti-vidéosurveillance à l’appel du CLIFTI (collectif pour les libertés individuelles face aux technologies de l’information) qui regroupe une dizaine d’associations. Sous l’œil des caméras, des masques pour rester hors champ du flicage généralisé.« si on a rien à se reprocher » comme disent certains, défendre la « vie privée » a-t-il encore un sens ? Tous transparents pour mieux être contrôlés partout ? ce sont les enjeux de l’action Derrière les masques, une question : « Faut-il vivre cachés pour vivre libres ? » Tous étaient venus revendiquer le droit de circuler librement à l’ère de la transparence technologique. oui, nous avons des choses à cacher, des secrets à garder, des zones d’ombre à préserver, des surprises à faire… Pendant une heure environ, les militants masqués ont arpenté la Salle Méditerrannée distribuant tracts et informant les voyageurs affairés qui voulaient bien suspendre leur course… Entouré par les journalistes représentant les télés associatives parisiennes ainsi que « Nulle Part Ailleurs » pour Canal + qui étaient venus les filmés (cette fois avec le son !), le groupe camouflé a démasqué par sa présence le mensonge du tout sécuritaire. Quelques chewin-gums ont même atterri sur certaines caméras, on ne sait comment. Les surveillés pour terminer sont allés… surveiller le PC de vidéosurveillance, conclusion logique d’une action qui en appelle d’autres
« Do you know you are watching ? » : la question était aussi posée le jour même au Times Square à New York par le collectif « Surveillance cameras players ». La question se pose là-bas, ici, partout où les libertés individuelles et collectives sont bafouées sous prétexte de sécurité. La présence de Scott, représentant américain du collectif New-yorkais à Paris ne fait que renforcer l’idée que l’action doit se développer à l’échelle internationale, qu’il faut maintenir le réseau national contre la vidéosurveillance actif (Lyon, Toulouse, Nîmes, Montpellier et Nantes). La mobilisation des syndicats et d’associations génériques telles que AC !, Droits Devant, G10 — Paris, Sud Télécom 92, Fédération anarchiste, CNT-Informatique, Chiche-Paname démontre la volonté d’un mouvement citoyen prêt à se mobiliser à l’occasion d’actions spectaculaires comme en témoigne également la création en France de la cérémonie des Big Brother Awards (également en Angleterre, Suisse, Allemagne)
Action internationale, coordination nationale, mouvement unitaire, le courant doit se renforcer pour maintenant arriver à ouvrir le débat public qui fera reculer Big Brother et ses sbires.

CLIFTI
Collectif pour les libertés individuelles face aux technologies de l’information
c/o 44, rue Montcalm, 75018 Paris. — clifti@clifti.org — 06 07 72 22 75