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Éditorial du nº 1761

Le jeudi 15 janvier 2015.

Barbarie, massacre, carnage, scène de guerre… on ne va pas reprendre tous les qualificatifs qui fleurissent dans l’ensemble des médias sur la tuerie perpétrée à Charlie Hebdo, mais le mot horreur les résume à peu près tous. Horreur de voir que, de nos jours, on utilise des balles contre un crayon et du papier. Écœurement devant les réactions nauséabondes qui n’hésitent pas à faire des amalgames douteux. Et que dire devant le bal des faux-culs de tous ces chefs d’État voulant se faire passer pour des défenseurs de la liberté d’expression ? Déjà la belle défense de cette dernière s’accompagne de réserves à peine voilées : on peut rire de tout, mais pas de la religion ; d’aucune religion ; et on sent bien depuis un bout de temps que, dans une partie de la population, certains regrettent qu’il n’y ait pas en France une loi interdisant le blasphème, comme c’est le cas dans d’autres pays, comme ça l’était dans le nôtre avant la Révolution de 1789. Chaque religion ayant ses fous de Dieu, la liberté d’expression est encore et toujours attaquée. Et de la liberté d’expression à la liberté tout court, la distance est courte. Gare aux mesures d’exception qui peuvent rapidement déboucher sur des lois scélérates. Gare aux appels à la haine contre telle ou telle communauté. Religion, État, l’absolutisme couve toujours, tapi dans l’ombre. Contre la liberté de la presse, d’opinion, d’expression, c’est la guerre ? Ça l’a toujours été. Alors ne baissons pas la garde, plus que jamais, ni dieu ni maître.