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éditorial du nº 1743

Le jeudi 5 juin 2014.

Deux semaines après les élections européennes, la pilule a du mal à passer : le score du FN semble avoir assommé toute la classe politique française. 25 % des suffrages exprimés ça n’est pas rien et ça fait froid dans le dos. Évidemment chacun y va de ses explications ; à droite, on accuse le gouvernement socialiste d’avoir poussé les électeurs dans les bras de Marine (en oubliant que l’UMP a largement contribué à répandre les théories frontistes) ; à gauche, on regrette que les mesures gouvernementales ne soient pas mieux comprises par les masses populaires. Des deux côtés, on regrette le taux d’abstention élevé, en oubliant de préciser qu’une bonne partie de l’électorat lepéniste s’est lui aussi abstenu. Mais que nous proposait-on en définitive ? Consolider un pouvoir européen s’ajoutant à celui qui gère nationalement le capitalisme ; une bureaucratisation amplifiée des institutions étatiques ; la libre circulation des marchandises et des capitaux (et pas des hommes) ; l’instauration d’une austérité destinée à faire payer par les pauvres une crise provoquée par la finance… Qui donc peut s’étonner de ce taux d’abstention élevé ? Pas les anarchistes qui n’attendent rien du système parlementarisme bourgeois ; mais nous n’allons pas exulter non plus. Soyons réalistes, abstentionniste ne veut pas dire révolutionnaire, loin s’en faut. Et les idées nauséabondes du FN ont fait leur chemin dans une classe populaire désemparée face à un système qui les exploite chaque jour un peu plus.