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éditorial du nº 1690

Le jeudi 6 décembre 2012.

Pendant la liquidation du site, la lutte de classe continue. La direction de l’usine PSA d’Aulnay convoque cinq ouvriers en vue de sanctions. Ennemis probables de la modernité qui profite, ces travailleurs sont accusés, à mots couverts, de saboter la production en flemmardant au lieu de gagner vaillamment leurs indemnités de licenciement. Résultat, plusieurs centaines de leurs camarades débrayent en solidarité, paralysant la production. C’est bien fait, mais ça n’est pas suffisant.

Oserons-nous suggérer au pauvre ministre Montebourg la nationalisation temporaire du groupe PSA, en vue de sa transformation en coopérative ouvrière de production ? Attention : tout le groupe, y compris la banque PSA et les filiales rentables ! Car, rappelons-le, le capital français n’est pas moins volage que le capital indien, et ce qui vaut pour Arcelor à Florange devrait valoir pour Peugeot à Aulnay et ailleurs. On ne doit pas laisser saucissonner les entreprises en activités « juteuses » d’une part, que les patrons garderaient pour eux, et activité nécessaires mais coûteuses, d’autre part, que la collectivité prendrait en charge, soit directement, soit par le biais de subventions répétées à des repreneurs successifs, en fait chasseurs de primes.

Et, puisque l’on parle de financement public et de bénéfices privés, comment ne pas évoquer le pharaonique projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Conçu dans les années soixante, époque où il était excusable d’envisager une explosion du trafic aérien, le voilà qui resurgit un demi-siècle plus tard, en pleine crise économique, alors que le pétrole se fait rare et cher et que la population se paupérise. Son utilité est résolument douteuse. Son impact sur l’environnement, catastrophique. Ses perspectives économiques, un gouffre. Alors pourquoi s’obstiner ?

Pour le petit Noël des entreprises. En l’occurrence Vinci, groupe géant du BTP et des concessions de service public, qui s’illustre notamment en monopolisant les parkings des centres urbains et en prélevant la gabelle sur des autoroutes vingt fois remboursées. Eh bien ce grand groupe national va patriotiquement encaisser les (éventuels) bénéfices pendant 55 ans, tout en laissant démocratiquement la collectivité payer les déficits. Et plus l’État sera engagé là-dedans, plus on lui demandera d’argent, sous tous les prétextes. Racket ? Oui.