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éditorial du nº 1687

Le jeudi 15 novembre 2012.

Tout-financier et pineute-social, à la SNCF aussi, les mécontentements vont leur train. Une grève importante – même la jaune CFDT s’y est jointe – vient de mobiliser les cheminots. En cause, des propositions de réforme du système ferroviaire dignes de Sarkoland : proposition salariale indigente, TGV low cost, bus à la place des trains, perte effective de 1 600 emplois soit 10 000 postes en moins en cinq ans, embauche de cheminots à deux vitesses, « les uns au statut de l’entreprise publique, les autres en sous-traitance à deux ou trois niveaux parfois payés en dessous du SMIC et n’ayant aucune formation à la sécurité et aux métiers du ferroviaire. »

Les syndicats tirent le signal d’alarme : suite à ces économies d’échelle et de bout de chandelle, l’état du réseau est devenu vétuste et mal entretenu. En gros, les accidents sont inévitables. Les usagers aussi en ont marre selon l’UFC que choisir. Malgré les titatas publicitaires, ils reprochent amèrement à Guillaume Pépy, big manager de la SNCF, tarifs prohibitifs multiples et incompréhensibles, manque d’information, saleté des gares, difficultés à se faire rembourser, pannes et retards systématiques. Cerise sur l’étron, dans ce climat de grogne – comme disent les journalistes et les politiciens qui comparent volontiers les usagers à des cochons – les 7 et 8 novembre, un petit problème de caténaire, réparé en moins d’une heure, a dégénéré en un foutoir sans nom. Les voyageurs furieux d’être coincés dans les voitures sont descendus sur les voies et ont, de ce fait, provoqué l’arrêt du trafic banlieue et grande ligne jusque tard dans la nuit. Mauvais joueur, Pépy incrimine l’irresponsabilité des voyageurs. Pour une fois, l’usager n’est plus le malheureux otage des fumiers de grévistes mais un salop d’irresponsable. O tempora, o mores. Willy Colin, porte-parole de l’Avuc, association de voyageurs, remet les pendules à l’heure : « C’est un problème inhérent à la SNCF. C’est un problème de maintenance… Il faut que la SNCF et RFF se remettent en question sur l’état du réseau plutôt que de montrer du doigt les usagers. » N’importe, ça devait être bien hallucinant, tous ces voyageurs – en pleine nuit – désertant les wagons pour s’égayer sur le ballast. Comme un avant-goût du jour où les vrais gens décideront de prendre leurs affaires en main, de quitter le train de misère du capitalisme décomplexé et triomphant, pour s’égayer sur les voies enjouées de la révolution et de l’autogestion.