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éditorial du nº 1675

Le jeudi 31 mai 2012.

On s’y perd entre tous ces scandales, ces affaires politico-financières, ces procès classés sans suite, relayés par les gros organes médiatiques. La digestion est difficile. Force est de constater qu’il n’y a pas que les cognes pour avoir des « obligations de résultats », les hommes politiques, eux aussi, font du chiffre. Les scandales sexuels de DSK and co. (qui, au passage, n’a jamais été incriminé pour sa direction du FMI), les scandales financiers de Sarkozy. Bref, la normalisation de ces procès huppés nous incite à penser que personne n’est parfait et qu’une parade de temps en temps devant le tribunal, purgatoire rénové, ne peut pas faire de mal. Sauf que tous les procès ne se valent pas et que celui qui fait fureur par temps de crise, dans les classes non bourgeoises, c’est le procès à grande échelle, aussi appelé répression de masse. Ces incriminations à vau-l’eau ou processus de « terrorisation » (cf. Claude Guillon, La Terrorisation démocratique) exercées sur les réfractaires à l’ordre et libertaires de tout poil, permettent d’arrêter des centaines de personnes en une fois et sans beaucoup d’efforts. Pratique. Entre autres, aux dernières nouvelles, on a accusé les employés de Fralib de faire exploser Unilever, les militants en procès à Paris de faire exploser une bombe à sucre, les étudiants québécois de faire exploser Charest, résistants de Notre-Dame-des-Landes de se faire exploser la panse (ils ont fait une grève de la faim de vingt jours, Ndlr). Des procès sans crime, qui vont se multiplier et qui ne sont pas sans rappeler l’ouverture du Procès de Kafka : « Quelqu’un avait dû calomnier Joseph K. car, sans rien avoir fait de mal, il fut arrêté un matin. » Ces calomniateurs, au-delà des escrocs industriels, des politiciens, sont ces structures oppressives et ces idées passéistes, fondements d’un système qui ne peut qu’être meurtrier. Celles-ci qui nous mettent hors-la-loi, mettons-les hors de nos vies, et sans nous contenter de leur couper le chef, disséquons-les jusqu’à la dernière miette. Élargir les revendications et de mettre en procès les accusateurs est peut-être ce par quoi fleuriront de nouveaux printemps.