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éditorial du nº 1671

Le jeudi 3 mai 2012.

Ça jase aux États-Unis : les contrôles au faciès sont adoptés dans cinq États au grand déplaisir de l’Administration qui en conteste le bien-fondé juridique. Une fois de plus, nos médias étalent leur immense hypocrisie en feignant de s’en scandaliser. Comme si les contrôles de routine, les interpellations à la gueule du client n’étaient pas monnaie courante en notre beau pays des droits de l’homme. Et personne, hormis quelques grincheux malintentionnés, ne s’en offusque puisque cela ne lèse que les « ennemis de l’intérieur », mal blanchis terroristes et autres barbus. Mi-fatalistes, mi-goguenards d’aucuns chroniqueurs le constatent froidement : les Français se droitisent. Et Marine Le Pen, la fille à son père, d’être choisie par près de 20 % des pékins qui ont poussé jusqu’aux urnes, elle dont le programme peut se résumer à de bien creuses promesses : porter un social secours au peuple – au peuple national de France bien sûr – supprimer l’« assistanat », bouter dehors les étrangers voleurs du pain et du bon argent des Français de sang. Bref, la haine va sauver le rafiot. On se prend à regretter que, pour bien des électeurs, l’histoire du monde commence le jour de leurs quinze ans. Ceux-là auraient grand profit à bavarder avec leurs grands parents, pour ceux qui en ont encore, ou quelque papy/mamy de leur voisinage : nul doute que ceux-ci se rappellent avec émotion les monstrueux bienfaits que de tels discours de haine et de racisme ont engendrés. Nul doute que ces vieux, au mépris du mal d’Alzheimer, se souviennent des horreurs qui ont suivi l’abominable mariage du nationalisme et du socialisme : nazisme au delà du Rhin, collaborationnisme vichyste de ce côté-ci, délations intéressées, économies saignées à blanc pour la guerre, pouvoir discrétionnaire des polices de tout poil, rafles, déportations, STO, génocides, millions de morts, etc. Plus jamais ça, qu’ils disent les ancêtres. Et pourtant nos deux présidentiables – pas dégoûtés – improvisent aux sons de grotesques titatas une danse du ventre obscène en l’honneur de cette répugnante harpie haineuse et de ses électeurs égarés. Honte sur elle, honte sur eux !