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éditorial du nº 1662

Le jeudi 1er mars 2012.

Sur fond de campagne électorale sans surprises, des équations très simples décillent certains aveugles. La « crise » plus l’oligarchie, c’est l’État sans la providence. C’est la matraque sans vaseline dans le commissariat néolibéral. Ça fait très mal. Pour détourner l’attention, ce ne sont pas les dérivatifs qui manquent : le froid de l’hiver, le chaud de l’été, les mers qui montent, les bourses qui descendent, et puis les racismes, antiarabe, antirap, antijeune, antifemmes, antichômeurs, antipauvres etc. L’hypocrite souci de la santé figure en bonne place parmi ces enfumages. Telles de blancs marronniers, quelques prohibitions bien comme-y-faut fleurissent cycliquement sur les ondes et les écrans : fumer tue, fumar mata, le tabac rend impuissant, file le cancer, haro sur l’herbe à Nicot, haro sur le pavot ! Avec les résultats que l’on sait : tsunamis de mégots devant les rades, marché noir et florissant de pipes dégueulasses dans les centre villes, explosion des marchés parallèles de shit, de coke et d’héro dans les salons cossus et les cités venteuses. Il y a aussi l’alcool. Il tue lentement, le traître. Ça n’empêche pas de le refiler aux autres. Si l’on en croit le Canard enchaîné, vins et cognac français battent les records de vente vers l’Asie, l’équivalent de cent trente Rafales en dix ans ! Devant tant de titatas, on se prend à rêver d’autres malédictions plus pertinentes : contre les nitrates qui, des sols et des océans, passent de plus en plus dans les estomacs ; contre les gaz plus ou moins naturels qu’EDF souhaite injecter et stocker dans les sous-sols des stations de tourisme ; contre les assassins des salariés de l’amiante que les procs à la botte dédouanent sournoisement. On se prend à rêver d’hénaurmes campagnes bien velues contre la vente des armes, contre l’entretien de la famine, de la misère, contre les hiérarchies et contre toutes les dominations physiques et symboliques. Mais là, bernique ! La République bananière a les croisades qu’elle peut.