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éditorial du nº 1232

Le jeudi 15 février 2001.

Nous avons déjà dénoncé dans ces colonnes le scandale de la réforme des retraites. Après l’ultimatum du MEDEF, après l’appel à la mobilisation des travailleurs le 25 janvier dernier sans suite réelle, après les non dits complices d’une gauche plurielle acquise à la volonté patronale, voilà donc qu’en quelques heures de négociation bidon le voile se déchire sur les choix réels des uns et des autres.

Celles et ceux qui s’illusionnaient sur l’existence d’un front syndical uni face au MEDEF en sont pour leurs frais. La CFDT persiste et signe dans sa stratégie de cogestion. Son objectif est la normalisation des luttes sur le modèle social-libéral allemand et la Confédération européenne des Syndicats dont elle est le fer de lance en France. La CFTC suit. FO, adhérent à la même CES, essaie de noyer le poisson mais s’inscrit aussi dans cette dynamique là. La CGT, tout nouveau troisième larron de la CES en France, est prise dans ces contradictions. Forte d’une longue tradition de luttes et de refus de signer les accords contraires à l’intérêt de ses mandants, elle a toujours été vigilante à ne jamais dépasser la limite qui la ferait basculer dans une logique de rupture face aux classes dominantes. Nous savons qu’elle n’aura pas la volonté d’impulser une mobilisation sociale pour modifier les rapports de forces actuels.

Tout ce remue-ménage médiatique a l’allure d’une campagne calculée et organisée. Elle vise à répandre l’idée que nous n’échapperons pas au recul de la retraite à 65 ans. État, patronat et syndicats dits représentatifs, mettent en scène une parodie de lutte pour faire accroire que chacun d’eux fait tous les efforts possibles et que le nouveau compromis qu’ils préparent aura pris en compte nos intérêts. Les travailleurs sont-ils dupes de ces manipulations ? Les créations de plus en plus nombreuses de structures syndicales dissidentes, les prises de conscience individuelles et collectives d’une nécessaire alternative au capitalisme et à l’État nous conforte dans l’idée que la partie est loin d’être jouée, quelle que soit l’apparente léthargie des revendications aujourd’hui.
De temps à autres une grève nous révèle la force des colères retenues. Les plus belles luttes sont à venir et nous en sommes partie prenante.