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éditorial du nº 1651

Le jeudi 17 novembre 2011.

Austérité. Dans leur grande et pitoyable soumission aux marchés financiers (et aux agences de notation), les États s’appliquent tous azimuts à échafauder des plans de redressement, histoire de faire ici et là quelques précieuses économies. Du moins, c’est ce qu’on nous dit. Ce qu’on nous rabâche. Les États seraient les faibles victimes de la Finance, les malheureux esclaves du tout puissant dieu Monnaie. Le discours sous-jacent, c’est celui de la possible existence d’un État porteur de préoccupations sociales, un État indépendant et entièrement dévoué au bien-être de son bon peuple. À droite comme à gauche, on nous le fait miroiter, sous des appellations différentes et à travers la mise en avant de stratégies et de modalités diverses. Et pourtant, quand on jette un œil (un seul, pas les deux, sinon on ne voit plus rien) sur le passé, on constate, sans difficulté aucune, que le rôle de l’État a toujours été celui du fidèle serviteur et du protecteur acharné du capital ; et ce même quand il s’enorgueillissait d’être « ouvrier ». Outil indispensable au maintien de la paix sociale dans un monde divisé en deux classes aux intérêts antagonistes, il s’est, dès le départ, rangé du côté des puissants, des dominants – les patrons, les actionnaires et autres « possédants » –, au détriment des plus faibles et des plus nombreux – les travailleurs. Et il n’y a pas de raisons que ça change. Qu’on se le dise donc, tant que l’État existera, nous continuerons à subir les plans d’austérité, les économies drastiques et tout ce qui les accompagne (hausse des impôts impopulaires, baisse ou gel des salaires, licenciements, casse des quelques rares services publics, etc.) L’État n’est pas soumis aux marchés et à leurs avatars, il y est intrinsèquement lié, comme un enfant à ses parents : créé pour maintenir les privilèges, il ne changera jamais ses prérogatives. Hier comme aujourd’hui, notre seul espoir c’est de l’abattre.