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éditorial du nº 1646

Le jeudi 13 octobre 2011.

Le capitalisme se meurt, le capitalisme est mort, ânonnent les médias et les comptoirs : ben tiens bonne pomme ! Il tue toujours et sans vergogne. Il est plus que jamais aux manettes et – comme le rappelait il y a peu dans ces colonnes l’ami Philippe Pelletier – ses crises font cyniquement partie de son fonctionnement normal. Patrick Mignard lui aussi sait regarder le monstre dans les yeux : « Non seulement il ne s’est pas effondré, mais il a gagné toutes les couches de la société et sévit dans le monde entier. » Globalisation ! Pourtant, dès son apparition au XIXe siècle, un tel système semblait ne pouvoir durer. Trop dur, trop inhumain. Mais la pressentie cheville ouvrière de sa destruction, la classe ouvrière justement, étourdie de promesses électorales, « s’est jetée dans la consommation, donnant ainsi une légitimité aux aventuriers du néolibéralisme » ; ceux-ci ont su user d’habiles titatas bien saignants : division des prolétaires des villes et des campagnes, guerres nationalistes, invasions coloniales, concessions à contrecœur de lois sociales, États fascistes. Concurremment à l’effondrement des pays dits « socialistes », le capitalisme puis le néolibéralisme ont su se doter « d’une couverture politique qui fonde sur le peuple sa légitimité et où les citoyens réduits au simple rôle d’électeurs sont systématiquement piégés ». Ce maudit système « trompe, truque, manipule des milliards d’individus, et ça marche ! […] Les lois du marché seraient éternelles, certains, même à “gauche”, les comparent aux lois de la gravitation ». Le système pollue et contamine les façons de concevoir la vie de tout un chacun et les diktats de rentabilité apparaissent incontournables même aux plus radicaux, aux plus libertaires ; parfois, tel Gribouille, se jetant à l’eau pour éviter le pluie, ils sont tentés d’en appliquer les préceptes indignes aux plus militantes de leurs entreprises. « Paradoxe, il dicte sa loi. » Comme Patrick Mignard le conclut : « C’est donc en marge du système que l’action doit se mener. Ruinons le système, non pas en croyant aux promesses de celles et ceux qui le pérennisent, mais en fonctionnant autrement. Sans croire aux vieilles lunes. »