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éditorial du nº 1645

Le jeudi 6 octobre 2011.

On a gagné ! On a gagné ! Historique : le Sénat passe à gauche. Du jamais vu sous cette Ve République. Bien entendu, tout va changer. Les pointures socialistes sont pratiquement venues en cortège pour fêter ça. Pensez donc : le Sénat ! De fait, on reste un peu abasourdis devant les congratulations de ces « représentants du peuple ». Le Sénat ! Cette chose dont la gauche disait pis que pendre à une certaine époque puisque inutile voire néfaste – comme d’ailleurs de Gaule qui l’aurait volontiers supprimée lui aussi. Le Sénat ! Activité ? Relecture des textes votés au Parlement pour éventuellement les amender, rarement dans un sens disons progressiste. Le Sénat qui prend son temps et argumente dans un esprit « non partisan » afin de servir de garde-fou à une Assemblée nationale jugée parfois trop superficielle et expéditive : à l’Assemblée, on s’invective, au Sénat, on discute en oubliant sa couleur politique. Voire. On se demande donc pourquoi de telles luttes pour des sièges si les différences de formations sont gommées sous les fameux lambris de cet endroit. Et maintenant ? La gauche victorieuse et majoritaire va-t-elle relire les textes de lois pour impulser une république plus populaire ? C’est à peu près aussi drôle que le jour où on a appris que Mitterrand était socialiste. Un Sénat à gauche ? Mais le grand capital fait déjà ses valises pour quitter le pays, à moins qu’il ne mise sur une victoire de son représentant en 2012. En attendant, la gauche appelle « à être à la hauteur de la volonté de changement des Français ». C’est quoi être à la hauteur ? Mieux libeller des textes de loi du genre Hadopi, réforme des retraites ? Les véritables acquis sociaux des travailleurs ont rarement été obtenus au Parlement et encore moins au Sénat, mais plutôt dans la rue et en occupant les usines et autres lieux de travail. Alors Sénat à droite ou à gauche, pas de changement : restons mobilisés.