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éditorial du nº 1644

Le jeudi 29 septembre 2011.

Troy Davis a donc été exécuté. La peine de mort est ainsi de nouveau au cœur de l’actualité, y compris chez nous où elle a pourtant été abolie il y a trente ans : on continue d’entendre certains politiciens parmi les plus réactionnaires réclamer son retour. Les États-Unis, même si les abolitionnistes y sont de plus en plus nombreux (16 États ont supprimé la peine capitale), s’accrochent encore à la loi du talion ; en 2010 il y a été procédé à quarante-six exécutions (en majorité au Texas), ce qui les place dans le top-ten des nations pratiquant l’assassinat légal : l’Iran (252 exécutions), le Yémen (53), l’Arabie Saoudite (27), la Corée du Nord (60 au moins), quant à la Chine, les chiffres font partie des mystères de l’orient. Troy Davis a donc été exécuté. La Cour suprême des États-Unis a finalement refusé d’annuler sa condamnation à mort. Et ce, malgré le fait qu’il ait toujours clamé son innocence. Malgré le fait que sept des neuf témoins de l’accusation s’étaient rétractés depuis son procès, en ayant précisé – pour certains – que les enquêteurs les avaient « fortement » influencés. Malgré le fait que les opposants à la peine de mort l’aient soutenu durant les vingt ans de captivité. Malgré les protestations de la presse américaine et internationale. Malgré même le fait que la France (dernière tribu des coupeurs de tête jusqu’en 1981) ait officiellement appelé l’État de Géorgie à la clémence. Troy Davis a donc été exécuté. Au-delà de savoir si un condamné à mort est innocent ou coupable, l’important est tout de même de dénoncer et d’en finir avec tout système judiciaire qui fait procéder à une exécution, à un meurtre de sang froid.