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éditorial du nº 1640

Le jeudi 16 juin 2011.

Payer à rien foutre. Cest ce que fut pendant plus de quinze ans Luc Ferry. Notre philosophe ex-ministre de l’éduc n’a, en effet, pas mis le moindre pied, depuis les années 1990, sur le campus de l’université Paris VII Denis-Diderot où il est censé travailler comme professeur de philosophie. Depuis 1996, il bénéficie systématiquement de décharges de service d’enseignement par le biais d’arrêtés ministériels. Et, malgré cette absentéisme absolu, il continuait à percevoir son salaire mensuel, à savoir la modique somme de 4 499 euros ! Du foutage de gueule, ni plus ni moins. Cependant, il se pourrait bien que cette situation scandaleuse prenne fin sous peu. Eh oui, la non moins scandaleuse loi sur l’autonomie des universités aura au moins eu cette avantage de donner la possibilité à Paris VII de virer ce glandeur richissime. Désormais pleinement responsable de la gestion de son personnel, elle est en mesure de l’éjecter, de lui dire « A+, mec » et ainsi d’économiser plus de 4 000 euros par mois. Alors, après, pour faire quoi ? Ça, aucune idée. Toujours est-il que l’ex-ministre a de fortes chances de devoir aller enseigner Kant ailleurs, voire même – mais là on en doute un peu beaucoup – de devoir rembourser toutes ces années de glandage. Ah, pour sûr, ce serait le pied ! Un genre de petit coup de justice sociale dans un pays qui n’en connaît pas. En tout cas, cette affaire en rajoute encore une couche sur le piteux état du système d’éducation nationale de notre douce France. Et dire que, pendant le temps où un prof proche des sphères du pouvoir est payé pour ne rien enseigner, le maire d’un village se voit obliger, afin de sauver une école, de créer une association pour réunir les fonds nécessaires au paiement du salaire d’un instituteur…