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éditorial du nº 1639

Le jeudi 9 juin 2011.

On ne s’étendra pas sur les mésaventures potagères et drôlatiques du concombre masqué ni sur l’acampada à la française plus réprimée par la flicaille à Paris qu’un apéro géant à Nantes (en démocratie sécuritaire mieux vaut chahuter bourrés que s’indigner sans violence). Qu’il soit permis de revenir sur la vague de scandales liés au sexe et à la politique. De façon avérée ou sous forme de présomptions insistantes, DSK au fond de sa prison dorée, le secrétaire d’État Tron et plus récemment un bien snob et bien réac ex-ministre de l’Éducation nationale nous le rappellent : Pour la nième fois, le voile se lève sur une « réelle réalité » bien peu reluisante, celle des violences faites par des mecs aux femmes et aux enfants, ces « sous-hommes ». Cette barbare et affligeante réalité réelle serait une des constantes de cette société si riche, si fière et si libérale. On rappellera en passant que la grosse moitié des terriens est constituée de femmes. Si on y adjoint les enfants, ça fait une écrasante majorité. Or donc en ce début de 21e siècle, comme avant, comme partout, dans les humbles chaumières, dans les glauques sacristies, dans les palais de marbre, on harcèle, on sadise la grande majorité du genre humain. Ça ne semble pas déranger outre mesure les titatas des télés, journaux et autres ordinateurs servilement soucieux de dénoncer « une vague de délations sans fondement avéré visant à déstabiliser la classe politique » et en appellent sans rougir à cette farce de « présomption d’innocence ». Mais les médias ont beau dire : d’Outreau à Marrakech en passant par New-York, la catholique Irlande, la Normandie profonde, dans les cages à lapin, les repaires à bondieuseries, les « riads » luxueuses et les palaces, des hommes souillent, torturent, violent, éventrent des enfants et des femmes — à couilles rabattues et en grande impunité : les incrédules pourront se reporter avec profit au site de l’association marocaine « Touche pas à mon enfant », le courageux TPAME qui lutte depuis des années contre la « hchouma », la honte qu’on devrait tous ressentir au spectacle de la pornographie, de la pédophilie et de la prostitution. Rien à faire des états d’âme ou des pertes de prestige des bourreaux. Aux anarchistes, une fois encore, de se cabrer devant cette ignominie planétaire, oubliée à force d’être actuelle et universelle.