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Éditorial du nº 1635

Le jeudi 12 mai 2011.

Nous sommes à un peu moins d’un an de l’élection présidentielle. Comme chaque élection, en particulier celle qui fournit à quelqu’un le logement indécent qu’est le palais de l’Élysée, il ne s’agit que d’un passage de Charybde à Scylla. Les participants au tournoi s’entraînent déjà et les champions arborant les couleurs nationales se disputent. Les sondages, supposément prophétiques si l’on en croit les analyses pointues et sans faille des journalistes autorisés, annoncent le renforcement d’un Front national qu’on aurait voulu voir disparaître il y a des années. Comment la France peut-elle plier sous le vent extrême-droitiste qui souffle d’Europe du Nord et de l’Est ? Et pour s’assurer l’adhésion d’électeurs bien ciblés comme les ouvriers ou les commerçants, le FN tait provisoirement ses thèses racistes pour présenter des principes économiques nouveaux, montrant encore une fois l’instabilité de leurs positions en la matière. Des principes tellement nouveaux qu’ils avaient déjà un nom : le poujadisme. Le FN se développe et théorise vaguement sur la monnaie, une monnaie actuellement défendue par la brave armée française en Libye. Parce que de l’autre côté, le champion bleu-blanc-rouge au pouvoir instaure des mesures dignes de son rival réactionnaire vis-à-vis des étrangers, de la sécurité et du sentiment nationaliste mais établit toujours un peu plus profondément sa doctrine néolibérale qui le conduit à envoyer l’armée au secours de ses intérêts. C’est bien la seule différence entre les deux champions de l’inhumanité : les positions économiques de l’un sont pestilentielles et bien assurées, celles de l’autre sont nauséabondes mais mal argumentées. Alors, que choisiront les dindons de la farce électorale : celui qui envoie la Marine nationale au secours du capital ou ceux qui voient en la Marine nationaliste un secours capital ?