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éditorial du nº 1633

Le jeudi 28 avril 2011.

La France glisse léthargiquement en état d’urgence. Les voix contestataires se font toujours aussi mal entendre et les politi-chiens de tous les bords de l’échiquier politique recommencent leurs bâillements, dressant des plans sur la comète qui, pensent-ils, leur ouvriront grand les portes de l’Élysée en 2012. Mais derrière leurs aboiements, c’est bien une guerre de classes qui se perpétue rageusement. Les travailleurs continuent à suer sous les fouets de leurs exploiteurs, et certains en viennent même à mettre fin à leurs jours pour en finir avec cette vie de merde, ces boulots exténuants gangrenés par des logiques de management libéral de plus en plus oppressantes. Outre le travail, c’est toute la société qui continue à pourrir. L’extrême droite refait abondamment surface, et ce n’est malheureusement pas qu’un fantasme militant. Profitant de la misère sociale, elle revient en courant, à la rescousse d’un Capital ébranlé par les colères nées de ses crises. Les graines fascistes et fascisantes germent un peu partout et croissent à vive allure. Nous en voulons pour preuve la nouvelle Constitution hongroise, tout droit sortie d’un bain de nationalisme, de conservatisme religieux et de xénophobie. Partout en Europe, l’extrême droite ne semble plus se limiter aux petits groupes traditionnels de décervelés fanatiques de la croix gammée. Elle devenue, bien au contraire, une force politique influente qui essaie de s’implanter partout, y compris – nous l’avons déjà vu dans ces colonnes – dans les syndicats. Et ce ne sont pas les urnes qui l’empêcheront de croître. La seule riposte viable, c’est, encore et toujours, la construction et le développement des luttes sociales (en étant vigilants à l’entrisme de l’hydre fasciste), seuls chemins pour l’avènement d’un monde meilleur.