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éditorial du nº 1632

Le jeudi 21 avril 2011.

Alors, ça y est, c’est fait. Un de moins sous le soleil africain. La semaine dernière, le président Laurent Gbagbo – le tyran ivoirien – s’est fait éjecté de son trône après dix ans de règne. Un de moins, mais aussi un de plus. Eh oui, nul doute qu’Alassane Ouattara – le grand vainqueur de cette lutte pour le pouvoir qui a ensanglanté la Côté d’Ivoire depuis décembre 2010 – est lui aussi un triste sire. Comme Gbagbo en son temps, il est le nouvel Ivoirien prodigue du capitalisme occidental, celui par qui les États européens et américains feront de juteux profits en Côte d’Ivoire. Pour le peuple, rien ne changera, si ce n’est le nom de son oppresseur. La misère, la violence d’État et la corruption seront toujours au rendez-vous quotidien, pas de doute à avoir. Et c’est d’autant plus certain que le gouvernement que doit mettre en place Ouattara dans les jours à venir va très probablement ressembler à une salade composée dans laquelle on trouvera un peu de tout, y compris des têtes de l’ancien régime. L’hypocrisie va régner en Maître, main dans la main avec l’opportunisme. Et nous en voulons pour preuve ce Guillaume Soro, ancien Premier ministre de Gbagbo qui s’est rangé du côté de Ouattara lors de la dernière bataille, sans doute conscient que le camp du vainqueur était celui-ci et non plus l’autre (les États occidentaux ont suffisamment montré lequel ils avaient choisi de soutenir). Alors, forcément, ce grand opportuniste devant l’Éternel ne pourra être mis à l’écart du pouvoir, même si son CV chez les si honnis Gbagbo et Cie est bien fourni. Outre ce gaillard, Ouattara devra aussi composer – du moins récompenser copieusement – avec les chefs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, sous le commandement du colonel Patrice Kouassi) qui ont, elles aussi, largement contribué à lui dégager l’accès à la présidence. Bref, comme d’habitude, c’est la même histoire qui se répète. Et qui continuera de se répéter tant que nous n’aurons pas enfin compris qu’il faut se débarrasser, une bonne fois pour toutes, de tous nos chefs d’État.