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éditorial du nº 1235

Le jeudi 8 mars 2001.

Si la « marche blanche » initiée par des collectifs et associations défendant les droits et la dignité des enfants n’a regroupé que 2 000 personnes, cela n’en fait pas pour autant une problématique sociale qui soit marginale. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une affaire de violence, d’inceste et de pédophilie ne mette en cause un curé, un instituteur, un éducateur. Les institutions scolaires, religieuses, policières, judiciaires, d’aide sociale, sont bousculées.

En matière de protection de l’enfance, la société en est presque à l’âge des cavernes alors que les attentes et les aspirations sociales ont, en une trentaine d’années, largement évolué. L’affirmation de l’enfant comme étant acteur à part entière de sa propre construction sociale, a fini par débouché sur la dénonciation detout ce qui porte atteinte à sa dignité d’être humain. C’est donc à juste titre que les institutions sont dénoncées parce que pendant trop longtemps elles ont été passives voir complices des maltraitances à l’encontre des enfants.

Le monde politique est bien embarrassé par cette prise de conscience sociale. L’État perçoit que cette contestation remet en cause le principe qui veut que gouverner nécessite des règles qui n’ont que faire des individus. De plus, l’État a depuis longtemps délégué cette fonction de contrôle social aux religions et au système éducatif. Les voir remis en cause lui pose un sérieux problème.

Cohn-Bendit, présenté comme libertaire, n’a pas été attaqué par hasard. Le pouvoir voulait à travers lui, stigmatiser cette irréductible aspiration des êtres humains à la justice sociale que matérialise les idées libertaires.

Les anarchistes ne cesserons pas de dénoncer toute prise de pouvoir sur un individu, quels que soit les moyens utilisés.

Nous revendiquons les écoles intégrales de Ferrer, les Bourses du Travail de Pelloutier, la Commune de Paris,… les espaces autogérés qui se créent aujourd’hui même et qui mettent en œuvre des pratiques sociales reposant sur l’entraide, la coopération, l’égalité économique et sociale, tous éléments permettant l’épanouissement d’une réelle culture de la liberté.

Ce qui n’a rien à voir avec un quelconque laisser faire ou libéralisme. En ce sens, nous sommes bien les ennemis de l’Etat et du capital… et fiers de l’être.