Accueil > Archives > 2011 (nº 1618 à 1655) > 1628 (24-30 mars 2011) > [éditorial du nº 1628]

éditorial du nº 1628

Le jeudi 24 mars 2011.

Ça y est, les «  démocraties  » de notre bas monde se sont enfin décidées à intervenir en Libye. Jeudi 17, l’Onu a donné son feu vert pour l’organisation de frappes militaires contre les troupes de Khadafi. Les grands chefs de ce monde n’auront donc pas tout à fait rejoué le scénario de 1936 et abandonner un peuple en révolte contre un régime sanguinaire. Bien qu’antimilitaristes forcenés, nous ne pouvons que nous satisfaire, dans l’immédiat, de cette décision de la communauté internationale. Le contraire relèverait d’un purisme idéologique assurément bourgeois, complètement déconnecté des réalités quotidiennes. Quand un peuple se fait trucider tous les jours, une intervention militaire qu’il requiert contre son assassin lui sera toujours plus salutaire qu’une brochure ou un discours antimilitariste. Mais, évidemment, ne nous privons pas d’alerter le peuple libyen et de le mettre en garde – si besoin – contre la récupération et la confiscation de sa révolution politique par ces mêmes «  démocraties  » qui l’auront éventuellement libéré, en quelques frappes aériennes, des troupes de son tyran. Cette intervention ne saurait conférer en aucun cas aux gouvernements occidentaux un droit d’ingérence dans les affaires libyennes. Et elle ne doit pas non plus pousser les révolutionnaires libyens à adopter le régime politique et économique portés par les pays responsables de cette intervention. Espérons donc que la révolution suivra son cours et qu’elle saura s’opposer aux velléités interventionnistes des démocraties occidentales qui, ne nous leurrons pas, envisagent déjà de façonner à leur manière la nouvelle Libye pour la rendre conforme à leurs intérêts. De notre côté, vous pouvez compter sur nous autres, pauvres bougres que nous sommes, pour que les puissants qui nous dominent n’aillent pas jusqu’au bout de leurs ambitions «  néo-coloniales  ». Salut à vous, force et courage !