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éditorial du nº 1620

Le jeudi 27 janvier 2011.

La rentrée scolaire de janvier 2011 dans l’Éducation nationale, c’est 60 000 bambins de plus et 16 000 postes en moins. Des classes surchargées, des profs surmenés, une transmission des savoirs tronquée et inévitablement bâclée, des élèves paumés. C’est cela, en 2011, la politique du gouvernement en matière d’éducation. Un sabotage à peine voilé d’un système public dont l’État voudrait bien se débarrasser, soucieux de faire quelques économies et de remplir un peu plus la tirelire porcine (entendez, «  la police  »). Abandonner les écoles au profit des commissariats, diminuer le nombre de profs pour augmenter celui des flics, remplacer les tableaux et les cahiers par les matraques et les menottes, et les sonneries d’école par les sirènes de la police, c’est ça, la (vieille) politique actuelle (sic). Et cette chute libre de l’effectif enseignant n’est pas le seul aspect du saccage gouvernemental du système scolaire et universitaire publique. Pensez donc à ces évaluations ridicules et complètement inadaptées auxquelles sont désormais soumis les gosses de CM2, à la présence de flics dans les enceintes scolaires, aux privatisations des universités (LRU et compagnie), etc. Il a toujours été plus simple de former des professionnels du tonfa que des enseignants. Il a toujours été plus simple, surtout, de gouverner des ignorants. Du coup, ça grogne dans les cours de récré. Évidemment. Heureusement, même. Autrement, ce serait flippant. Les syndicats enseignants appellent à la mobilisation. Mobilisation qui, pour le moment, ne s’est traduite que par une journée de manifestations dans toute la France, la semaine dernière, et un boycott des vœux présidentiels au « monde de l’éducation et de la culture » par les syndicats FSU et Unsa… C’est bien gentillet, tout de même. Il faudrait peut-être penser à la grève. À la quoi ? La grève. Hein ? L’arrêt de travail. Sans ça, aucun espoir de voir les choses changer. Pire, tout porte à croire que ça ne fera même qu’empirer. Car le but ultime de toutes ces attaques est bien de liquider définitivement – du moins de réduire considérablement – le système scolaire public. C’est pas tant qu’on l’admire ou qu’on l’aime, ce système. Disons que c’est « le moins pire » et qu’au point où on en est le laisser crever laisserait présager le pire pour la suite. Et puis, après tout, c’est peut-être aussi le moment – plus qu’un autre – de faire valoir nos conceptions, en tant qu’anarchistes, de l’éducation et de la transmission des savoirs, et de leurs indissociables dimensions émancipatrices.