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éditorial du nº 1619

Le jeudi 20 janvier 2011.

Ça barde en Afrique ces temps-ci. Qui dit Afrique dit « Françafrique » dans la plupart des cas. Et il est goûteux le fumet barbouzard qu’exhalent – depuis Bugeaud et de Gaulle – les affaires africaines. Savante alliance de commandos musclés, d’espions de la DGSE, de « cellules élyséennes » (où les de Gaulle, Mitterrand et autres Sarkozy décident sans aucun contrôle parlementaire de la politique ex-coloniale), de « secret-défense », d’enlèvements, de torture, de dissimulation mafieuse, de recherches d’intérêts sordides – diamants, pétrole et minerais en tout genre –, de traques sanglantes des opposants démocratiques, de coups d’État organisés depuis Paris, de présidents fantoches élus à des majorités délirantes, d’aides au développement bidonnées, de ventes d’armes occultes, de coups tordus, de tactiques contre-révolutionnaires (mises au point par des Français et exportées avec grand succès et contre espèces sonnantes en Amérique du Sud, en Israël, jusqu’aux Zétazunis et bien sûr en Afrique), avec une brochette de vedettes attachantes comme l’OAS, le Sac, Pasqua, Foccart, Paul Barril ou l’inoubliable commandant Prouteau. Tout cela dans une tradition de secret, de titatas mystificateurs et de mépris des non-initiés et des populations. Moyennant quoi, l’ordre règne sur la misère des peuples de pays africains systématiquement pillés et transformés en poubelles pour nations riches. Quand on veut s’informer sur l’Afrique, ne jamais perdre de vue les règles françafricaines de secret et de dissimulation de pratiques inavouables. En ce moment, c’est chaud à propos des élections ivoiriennes et du « terrorisme » au Niger. Il y a gros à parier que ce qui s’y passe vraiment est caché, au mieux dénaturé, et qu’à moins de procéder à une investigation longue et dangereuse auprès d’un grand nombre de sources différentes et scrupuleuses, on ne saura le fin mot de ces histoires que dans plusieurs décennies. Qui est qui, qui fait quoi, que se cache derrière qui, quel rôle joue la Françafrique, qui prétend quoi et pour quels intérêts politiques ou économiques – ce qui revient au même –, voilà les questions à se poser en la matière. Et puis en Afrique il y a également le Maghreb. Ça barde aussi de ce côté. Le peuple tunisien supporte mal son sort peu enviable et se paye le luxe de le signifier à la caste de voyous de son président. En Algérie, voire au Maroc, ce fut, c’est et ce sera encore la même révolte et pour les mêmes raisons. Pourtant les Mohammed VI, Ben Ali et Bouteflika, trois prédateurs avérés, sont toujours d’officiels grands amis de la France et de sa Françafrique. Tant que ça lui rapporte, les gueux peuvent crever et on ne saura par les grands médias que ce qu’elle veut bien lâcher. En ce domaine aussi, il appartient aux anarchistes de rechercher minutieusement des faits avérés et de les faire connaître à tous.