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éditorial du nº 1617

Le jeudi 16 décembre 2010.

Il a neigé sur la France. Et pas qu’un peu ! Certains ont même skié sur les Buttes Chaumont à Paris, c’est dire. Mais pendant que ces quelques rigolos se réjouissaient d’avoir enfin à portée de main le paradis neigeux des stations de ski, d’autres étaient bloqués sur les routes, dans les trains et dans les aéroports. La France était paralysée, dit-on. À croire que la météo est plus efficace en matière de blocage que les centrales syndicales. Inquiet pour toutes ces classes moyennes – voire bourgeoises – qui revenaient du turbin ou de vacances, le gouvernement – toujours soucieux de ménager ces futurs électeurs en puissance – a sorti le grand jeu : réquisition d’urgence de gymnases, d’écoles, de lycées et autres hangars pour héberger tout ce beau monde ; patrouilles d’hélicoptères pour repérer d’éventuelles voitures ou personnes isolées sur les routes de campagne ; compagnies de gendarmes transformées en « déblayeurs de routes » (et, nous, personnellement, on les préfère ainsi cuisinés). Bon, nous n’allons pas nous en plaindre, nous ne sommes pas uniquement des spécialistes de la grogne. Mais tout de même… Si nos dirigeants s’évertuaient ainsi pour venir en aide aux sans-abris, aux mal-logés et autres traîne-misère de notre société, on aurait probablement fermé notre gueule. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas et que les crève-la-faim ne peuvent compter que sur quelques associations charitables et solidaires qui s’efforcent tant bien que mal de remplir les carences d’un État qui, fidèle à sa raison d’être, se fout intégralement de ce Lumpenproletariat qui ne vote pas. Alors, forcément, une fois encore, tout ce déballage (qui ne parvint même pas à débloquer la situation…) pue affreusement l’électoralisme et montre, à nouveau, pour qui l’État existe. Dans l’immédiat, une chose est sûre, la lutte des classes devra commencer en s’achetant des luges et des skis avant de penser aux fusils et aux grenades.