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éditorial du nº 1615

Le jeudi 2 décembre 2010.

Ça y est, c’est la débandade bleu marine ! Cette semaine, les cognes ont défilé par centaines dans les cités marseillaises pour organiser des « opérations coups de poing » contre les dealers et trafiquants en tous genres logeant dans l’obscurité des caves et autres chefs-lieux clandestins de la pègre sudiste. Mais les guignols ne se contentent pas des sous-sols des immeubles miteux, organisant sur les routes phocéennes des « contrôles de grande envergure » dans le vain espoir d’y découvrir des armes, de la drogue et du matos de contrebande. Au final, ces opérations médiatiques – pour ne pas dire électoralistes – ne mèneront pas à grand-chose : au plus, quelques kilos de cocaïne, des scooters (un engin démoniaque pour diables encapuchonnés), un quad (diantre !), des brassards de police (tiens donc, la maréchaussée aurait-elle quelque accointance avec la pègre ?) et, tout de même, des armes à feu (pour préparer la guérilla urbaine). Un défilé de connards, une démonstration de force. La République s’exhibe, se met à poil pour nous dévoiler son corps nu, bleu, musclé, fait de poudre et de cartouches. Aucune tête ne tombera. Et, pourtant, c’est une réalité : nombre de cités françaises vivent en permanence sous le joug d’organisations mafieuses qui, avec violence, s’enrichissent du trafic de la drogue et des armes. Ce sont elles qui contrôlent ces espaces, qui y contiennent les colères populaires et légitimes et y font régner un ordre de violence et de terreur. La loi du silence, les menaces de mort et autres outils au service de la peur sont des réalités odieuses que personne ne peut nier. Et tout cela n’a rien de romantique. Ces bandits ne sont pas des Robins des bois. Bien loin d’être des révoltés ou des révolutionnaires, ils sont étroitement liés au pouvoir d’état et avancent main dans la main avec les flics, au nom d’un deal officieux : si la police ne met pas trop son nez dans les affaires de drogues, la pègre fera en sorte de contenir la révolte des jeunes et d’éviter qu’elle ne se politise et qu’elle ne débouche sur de véritables émeutes insurrectionnelles. C’est ça, la triste réalité des banlieues françaises : des populations pauvres, exploitées et complètement démunies, prises dans le carcan de la police et du grand banditisme mafieux. Et nous aurions tort, nous autres anarchistes, de nous méprendre et de tomber dans le gauchisme le plus démago qui voudrait nous faire fermer les yeux sur la violence de la pègre au nom d’un fétichisme quasi religieux (mais pour sûr électoraliste) des banlieues. Il n’y a rien de révolutionnaire dans tout ça, juste des situations de domination et d’exploitation d’une violence inouïe qu’il nous faut détruire. Alors, flics et mafieux, connards en uniforme ou en civil, allez crever !