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éditorial du nº 1598

Le jeudi 3 juin 2010.

Quelques clins d’œil dans ce monde improbable. Au Texas, un nommé Hanck Skinner qui pourrit depuis 1993 dans le couloir de la mort va peut-être sur décision de la Cour suprême prouver son innocence par test ADN. La British Petroleum enraye l’hémorragie de caca brun déversée à raison de 800 000 litres/jour vers les côtes de la Louisiane. Elle se montre plus discrète sur le fait qu’elle avait sciemment ignoré trois signaux d’alerte avant l’explosion. Notre confrère Rue 89 lance une édition papier mensuelle. Tant mieux pour ceux qui n’ont pas de quoi se payer internet, tant pis pour les zélateurs du système si prompts à brocarder les vieux c… papivores. Au reste, les avanies (sans framboise) vont bon train. Des Chinois rudement salariés qui bossent pour Dell et Mac n’arrêtent pas de mettre fin à leurs jours. Le gaz se prend 5 % d’augmentation. Dans la jungle hostile des « quartiers » cruels, une gentille fliquette municipale tombe, fauchée dans la fleur de l’âge et au champ d’honneur de sainte Sécurité. Et pour une fois – pas comme pour les cancers de l’amiante – président et médias se préoccupent d’une accidentée du travail. Las, Hortefeux en profite pour restituer in petto aux flics bouillants et municipaux les jolis tasers que le Conseil d’état venait de leur confisquer. Va falloir planquer les gosses aux Tarterêts ! Comme prévu, à propos des retraites – ce sujet censé fâcher –, on n’a pas échappé aux titatas décervelants – pardon, à la pédagogie – de nos maîtres à voter. Même qu’une « journaliste » de Radio-Paris s’est autorisée à qualifier les probables « réformes » de « pain béni » pour les syndicats et la grève du 27. La tuberculose n’est-elle pas pain béni pour les marchands de pénicilline et les meurtres en série, pain béni pour les pisse-copie ? Son éminence Bernard Guetta, européaniste à tous crins, insinue, l’air pénétré et l’index en bataille, que « l’austérité est aussi inquiétante que l’endettement », que « les marchés, toujours inquiets, s’en inquiètent… Qu’il serait peut-être plus judicieux de taxer les financiers et les entrepreneurs ». Mais où va-t-il chercher tout ça ? La retraite-cimetière à 62 ans, les gels et baisses de salaire, les suppressions d’aides sociales, les « incontournables » plans d’austérité, notre Bernard découvre, tel Gribouille, que c’est « pas bon pour la croissance ». Rigueur ou pas rigueur, on s’acheminerait donc vers un krach de derrière les fagots ? Dans ce surréaliste casino, quand la banque saute, ce serait aux employés et au personnel d’entretien de renflouer les Barrière et les Partouche ? Quand t’as servi, on te jetterait ? C’est bien ce que résume avec innocence un vague député UMP : « Il n’est pas possible de ne pas toucher à l’âge et au nombre d’années de travail, si l’on veut sauver notre système. » Ben justement, bonne pomme, c’est ce qu’on veut dézinguer, le système en question !